20 Minutes (Marseille)

Les échecs avancent leurs pions en vue des JO 2024

Pour être au programme des JO, la discipline doit prouver qu’elle est un vrai sport

- William Pereira

« Il y a 55 000 licenciés, mais on estime à 6 millions le nombre de personnes qui savent jouer aux échecs en France, soit un dixième de la population », se félicite Véronique Revoy, secrétaire générale de la Fédération française des échecs. Un contingent d’amateurs perçu comme « un atout », en vue de la campagne en faveur de la présence des échecs aux Jeux olympiques 2024, comme sport additionne­l. Une campagne dont le coup d’envoi a été officielle­ment donné mardi, dans le 7e arrondisse­ment parisien. Bachar Kouatly, président de la Fédération française des échecs, part confiant : « On a déposé le dossier le 30 janvier, avec l’aide de la Fédération internatio­nale des échecs (Fide). C’est un dossier solide, je pense qu’on a réussi à montrer ce qu’est notre discipline. » Si les puristes se montrent toujours plus laudateurs à l’égard des parties au coin du feu sur plateau en bois, l’essor des échecs se fait sur terrain virtuel. Ils sont partout, sur vos ordis, vos téléphones, sur Internet… Même le champion du monde, Magnus Carlsen, « joue et gagne des tournois de blitz [parties de dix minutes] en ligne», rappelle Arkadi Dvorkovitc­h, président de la Fide. La plus grande plateforme, chess.com, s’apprête à dépasser les 27 millions d’inscrits, et on estime à 5 millions le nombre de parties jouées quotidienn­ement sur Internet.

Quel effort physique ?

Bachar Kouatly en est conscient : « Il y a une exponentia­lité. Le numérique est une digue, une formidable opportunit­é » qui a offert à un sport vieux comme le monde un lifting grandeur nature. Toutefois, il existe un combat dans le combat : prouver à tout prix que les échecs sont un sport relevant de l’effort physique. Voilà le point d’orgue de l’après-midi de lancement de la campagne pour 2024, au point de nous faire friser l’indigestio­n. Oui, évidemment, « il existe une débauche énergétiqu­e, on peut perdre trois kilos sur une partie d’échecs [de six heures], car ça demande beaucoup de concentrat­ion, du stress », dixit Bachar Kouatly. Sophie Milliet, championne de France, a même poussé la démonstrat­ion jusqu’à nous faire son menu hebdomadai­re : « Je fais du sport cinq fois par semaine, des sports un peu intenses physiqueme­nt. Ça me permet de faire moins d’erreurs. Il y a des aspects qu’on partage avec les autres sports comme l’alimentati­on et la psychologi­e. C’est pour ça que je pense que ça a toute sa place pour être reconnu par le comité olympique. » En cas de réponse positive du Comité d’organisati­on des Jeux olympiques, décisionna­ire, la Fide a trouvé où les épreuves se dérouleron­t : la Sorbonne, qui a déjà donné son accord. « C’est là que Pierre de Coubertin a annoncé, il y a 130 ans [127 ans pour être exact], le rétablisse­ment des Jeux olympiques », commente Bachar Kouatly. A l’échelle des échecs, 2024 sera une année importante, celle des 100 ans de la fondation de la Fédération internatio­nale. Celle-ci avait eu lieu… à Paris.

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Duel entre la championne de France Sophie Milliet et Arkadi Dvorkovitc­h.

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