Le XV de France teste une énième charnière
Inédite, la paire Ntamack-Dupont sera particulièrement scrutée samedi face à l’Ecosse
A l’annonce du XV titulaire contre l’Ecosse au Stade de France (samedi 15 h 15), l’entraîneur français Jacques Brunel n’avait de cesse de marteler qu’il voulait « voir le vrai visage de [son équipe] ». Comprenez de l’engagement, de la fraîcheur, l’enthousiasme et les épaules pour jouer sous pression. Des paroles dont on aurait pu moquer la vacuité si elles n’avaient pas été couchées sur le papier. Deux choix tactiques illustrent les mots de Jacques Brunel : la titularisation de Thomas Ramos avec supplément buteur en prime et le remplacement de la charnière Lopez-Parra par l’inédit duo Dupont-Ntamack. Dix-huit ans et 80 capes d’écart entre les deux paires, ça en fait de la fraîcheur. Un peu trop même, non ? « La question de l’âge, c’est très français, objecte Jefferson Poirot, le pilier du XV de France. Ce sont deux joueurs de très grande qualité, c’est très simple. Depuis le début de la saison, ils sont les meilleurs en Top 14. Donc à quel moment peut-on se poser la question de l’âge ? » L’ailier Yoann Huget dit essayer de tenir un rôle d’accompagnateur pour mettre Romain Ntamack (19 ans) et Antoine Dupont (22 ans) dans les meilleures conditions, mais sent son utilité limitée auprès des deux jeunes loups. «La pression, ils n’en ont pas beaucoup. Ces mecs-là sont capables de faire une partie de ping-pong ou de jouer au rami deux heures avant le match. Ils sont cool. C’est la marque de la nouvelle génération. » Ou simplement de celle de deux joueurs hors norme habitués à être surclassés depuis les sélections jeunes et à jouer des gros matchs en club.
Alignés une fois ensemble
Dire que Dupont et Ntamack sont, pris individuellement, très bons, revient presque à enfoncer une porte ouverte. Mais quid de leur rendement côte à côte ? Car la septième charnière de Jacques Brunel n’est pas loin d’être une nouveauté pour les intéressés, alignés ainsi une seule fois avec Toulouse. C’était le 20 janvier, contre Sale, en Challenge européen. A part ça, on a surtout vu Dupont à la mêlée et Ntamack, pourtant 10 de formation, n’a joué que trois fois à ce poste en club depuis le coup d’envoi de la saison. Brunel compte sur la polyvalence du dernier cité pour pallier ces carences. Cité par L’Equipe, l’ancien international Guy Accoceberry n’a aucun doute sur la complémentarité de cette charnière inédite. « Ils se trouvaient naturellement sur la fin de match contre l’Angleterre. Ils sont polyvalents et peuvent se substituer l’un à l’autre [Dupont sait jouer 10, il l’a fait chez les jeunes]. » Si l’expérience marche, le XV de France aura un peu gagné son premier pari sur le futur.