La Palestine en stop-motion
Mats Grorud a mêlé plusieurs techniques pour raconter l’histoire de la Palestine dans son film «Wardi», qui suit une fillette
C’est sa mère, infirmière au Liban, qui a modelé son engagement pour faire connaître au monde la vie des réfugiés et l’histoire des Palestiniens. Le Norvégien Mats Grorud raconte l’histoire de la Palestine avec Wardi. Ce film d’animation a été présenté hors compétition au Festival international du cinéma d’animation d’Annecy. Il mène son récit par l’intermédiaire d’une fillette qui interroge diverses générations de sa famille dans un camp de réfugiés palestiniens à Beyrouth, au Liban.
« Wardi est une gamine qui ne s’intéresse pas au passé, explique le réalisateur à 20 Minutes. Elle change d’avis quand elle voit son arrière-grand-père adoré décliner. Cela la pousse à le questionner avant son décès. » Mats Grorud fait suivre ce processus intellectuel et sentimental au spectateur en même temps qu’à la fillette, qui découvre à la fois l’histoire de sa famille et celle de son peuple. Un mélange de marionnettes pour le présent, d’animation 2D pour les flash-back et de quelques photos puisées
Mats Grorud,
dans les albums de proches du cinéaste donne un cachet particulier au film. « L’animation est un moyen idéal pour enseigner l’histoire de façon attrayante, estime Mats Grorud. Les prises de vues réelles ne m’auraient pas permis d’apporter une dimension poétique. » Le mélange des textures était un choix aussi économique qu’esthétique. « Un film comme le mien est difficile à financer, il fallait donc ruser en panachant les techniques onéreuses comme le stop-motion aux moins coûteuses comme l’animation traditionnelle. »
De ces contraintes d’argent, le réalisateur a fait émerger l’identité de Wardi, patchwork bouleversant. Il est allé passer un an dans un camp de réfugiés pour nourrir son film. «Le titre original de Wardi est “La Tour” car, dans le camp, les bâtiments s’élèvent à la verticale au fil des années, explique-t-il. Comme le terrain est fermé, les nouveaux arrivants s’empilent littéralement sur les anciens. » La jeune héroïne suit cette ascension pour découvrir l’histoire des siens afin de mieux préparer son avenir. Ses échanges avec sa tante et sa mère sont parmi les plus émouvants du film tant ils soulignent la difficulté pour les femmes d’exister dans ce monde machiste.
«J’ai choisi de mettre en scène une héroïne pour lui rendre hommage [à sa mère] mais aussi parce que j’estime que les femmes incarnent à la fois une force incroyable et un avenir que j’espère plus joyeux», martèle Mats Grorud. C’est sur une note optimiste que se termine Wardi, oeuvre humaniste et généreuse.
«L’animation est un moyen idéal pour enseigner l’histoire. »