C’est quand la bonne heure ?
Une majorité de Français serait favorable à un passage définitif à l’heure d’été. Selon de nombreux scientifiques, ce choix aurait pourtant des conséquences néfastes pour la santé.
Trop de contraintes, trop compliqué… Les Européens semblent avoir sonné le glas du changement d’heure. Dans une consultation lancée par l’Union européenne (UE) et qui s’est achevée dimanche, plus de 80 % des consultés seraient favorables à la fin du changement d’heure. Et plus de 55% des Français voudraient adopter définitivement l’heure d’été. Un choix qui aurait des conséquences. Paul-Frédéric Casset, co-président de l’Association européenne heure d’été, milite pour l’établissement perpétuel de l’heure d’été, afin de «bénéficier de 20 à 30% de soleil en plus». En pratique, «l’heure d’été» témoigne d’un décalage de deux heures entre l’heure française et l’unité de temps internationale, le temps universel coordonné (UTC +2). A noter que les plages d’ensoleillement restent inchangées en heure d’été et en heure d’hiver. En revanche, les heures de lever et de coucher du soleil ont un réel impact sur notre vie quotidienne.
Le sommeil affecté
« Si on gardait l’heure d’hiver, il ferait beaucoup plus chaud, plus tôt, en été, précise Paul-Frédéric Casset. Les ouvriers du bâtiment seraient obligés de modifier leurs horaires. Et sur la Côte d’Azur, le soleil se coucherait à 19 h 30 le 15 août. Pour une région si touristique, c’est dommage. » A l’autre bout de la France, en Bretagne, Marc Le Fur, a exposé le « problème breton » lors des questions au gouvernement, le 11 décembre. « Si on généralisait l’heure d’été, cela ferait deux heures d’avance pour tout le monde, expliquait le député des Côtes-d’Armor. Et nous risquons des absurdités. Le 22 décembre à Brest, le soleil se lèverait à 10 h 11. Vous imaginez le décalage que cela créerait ? » Outre un hiver difficile pour les habitants de l’ouest de la France, un autre argument pèse lourd en faveur de l’heure d’hiver : l’appui de nombreux scientifiques. « En été, on se couche en fonction de l’heure du soleil, note le neurobiologiste Claude Gronfier. Quand le soleil se couche plus tard, ça retarde l’endormissement. Mais l’heure de réveil, elle, ne change pas. Ça induit des durées de sommeil raccourcies en été et un creusement de la dette de sommeil. » Un changement qui entraîne des effets chroniques sur la santé de la population : obésité, surpoids, anxiété, dépression, troubles du sommeil...
Les résultats définitifs de la consultation, à laquelle 670 000 Français ont participé, seront rendus publics dans les prochains jours et transmis aux institutions européennes. La nouvelle heure, elle, ne devrait pas être appliquée avant l’été 2021.