Les Anglais ne sont pas très gentlemen avec la Ligue 1
La Ligue 1 est tellement peu considérée par les fans de foot outre-Manche qu’ils la surnomment « Farmers League »
Les Anglais prennent souvent un malin plaisir à nous dénigrer. Comment surnomment-ils par exemple la Ligue 1, dont le leader incontesté, Paris, va défier mercredi soir Manchester United en Ligue des champions? La « Farmers League ». Comprenez la Ligue des fermiers ou des paysans, au choix. « C’est un truc assez récent sur les réseaux sociaux [en Grande-Bretagne] », nous dit Eliott, twittos et supporter de Manchester United. Spiro abonde. « C’est un phénomène Twitter. Je pense que les personnes qui ne suivent pas les autres championnats aiment dénigrer et que c’est une expression imagée qui fait réagir. » Comme quand des supporters de West Ham décident de troller Dimitri Payet pour son come-back marseillais de fin de mercato hivernal 2017 en lui souhaitant de bien belles recontres. Un exemple traduit par 20 Minutes : « C’est un pas en arrière [pour Payet], Ligue 1 de merde qui n’intéresse personne sur terre, va jouer contre des fermiers à Guingamp. »
Les paysans de Guingamp
Le choix de l’EAG n’est pas innocent. Ses 30 millions d’euros de budget annuel, les 18000 places du petit Roudourou autant que ses 7 000 habitants en font l’étendard de la ruralité en L1, et donc de la Farmers League. Les Rouge et Noir le revendiquent d’ailleurs sur leur site, le club a «toujours soutenu le monde agricole » et s’en est vu récompenser il y a dix jours : pour fêter ses vingt ans, une entreprise costarmoricaine a offert à Guingamp un tracteur noir de 180 chevaux customisé…
« La vanne de la Farmers League, c’est que des paysans seraient suffisamment bons pour jouer en L1, ce qui bien sûr n’est pas vrai », ajoute le journaliste anglais Liam Canning. Reste à répondre à la question que tout le monde se pose. La Ligue 1 est-elle effectivement une « Farmers League ? » Au premier degré, non. L’exemple guingampais est trop peu représentatif d’un championnat dominé par les grandes villes. Laissons donc la parole aux détracteurs. Eliott : « A part le PSG et une ou deux autres équipes, la qualité du foot en France n’est pas comparable à ce qu’on voit en Premier League et en Liga. Regardez [le Lyonnais] Memphis Depay, il était dépassé à Manchester United et, en France, il est facile. » Evidemment, il faudrait être un peu présomptueux pour placer la Ligue 1 au-dessus des quatre compétitions nationales mieux cotées au classement UEFA (Espagne, Angleterre, Italie, Allemagne). Mais de fait, le mythe de la Farmers League est autant affaire de mauvaise foi que de conservatisme anti-PSG, qui traîne comme un boulet cette présumée étiquette d’un club né en 2011 avec l’arrivée des Qataris. Un comble pour une formation dont le meilleur résultat en Ligue des champions – une demi-finale – date de 1995.