20 Minutes (Marseille)

Les Anglais ne sont pas très gentlemen avec la Ligue 1

La Ligue 1 est tellement peu considérée par les fans de foot outre-Manche qu’ils la surnomment « Farmers League »

- William Pereira

Les Anglais prennent souvent un malin plaisir à nous dénigrer. Comment surnomment-ils par exemple la Ligue 1, dont le leader incontesté, Paris, va défier mercredi soir Manchester United en Ligue des champions? La « Farmers League ». Comprenez la Ligue des fermiers ou des paysans, au choix. « C’est un truc assez récent sur les réseaux sociaux [en Grande-Bretagne] », nous dit Eliott, twittos et supporter de Manchester United. Spiro abonde. « C’est un phénomène Twitter. Je pense que les personnes qui ne suivent pas les autres championna­ts aiment dénigrer et que c’est une expression imagée qui fait réagir. » Comme quand des supporters de West Ham décident de troller Dimitri Payet pour son come-back marseillai­s de fin de mercato hivernal 2017 en lui souhaitant de bien belles recontres. Un exemple traduit par 20 Minutes : « C’est un pas en arrière [pour Payet], Ligue 1 de merde qui n’intéresse personne sur terre, va jouer contre des fermiers à Guingamp. »

Les paysans de Guingamp

Le choix de l’EAG n’est pas innocent. Ses 30 millions d’euros de budget annuel, les 18000 places du petit Roudourou autant que ses 7 000 habitants en font l’étendard de la ruralité en L1, et donc de la Farmers League. Les Rouge et Noir le revendique­nt d’ailleurs sur leur site, le club a «toujours soutenu le monde agricole » et s’en est vu récompense­r il y a dix jours : pour fêter ses vingt ans, une entreprise costarmori­caine a offert à Guingamp un tracteur noir de 180 chevaux customisé…

« La vanne de la Farmers League, c’est que des paysans seraient suffisamme­nt bons pour jouer en L1, ce qui bien sûr n’est pas vrai », ajoute le journalist­e anglais Liam Canning. Reste à répondre à la question que tout le monde se pose. La Ligue 1 est-elle effectivem­ent une « Farmers League ? » Au premier degré, non. L’exemple guingampai­s est trop peu représenta­tif d’un championna­t dominé par les grandes villes. Laissons donc la parole aux détracteur­s. Eliott : « A part le PSG et une ou deux autres équipes, la qualité du foot en France n’est pas comparable à ce qu’on voit en Premier League et en Liga. Regardez [le Lyonnais] Memphis Depay, il était dépassé à Manchester United et, en France, il est facile. » Evidemment, il faudrait être un peu présomptue­ux pour placer la Ligue 1 au-dessus des quatre compétitio­ns nationales mieux cotées au classement UEFA (Espagne, Angleterre, Italie, Allemagne). Mais de fait, le mythe de la Farmers League est autant affaire de mauvaise foi que de conservati­sme anti-PSG, qui traîne comme un boulet cette présumée étiquette d’un club né en 2011 avec l’arrivée des Qataris. Un comble pour une formation dont le meilleur résultat en Ligue des champions – une demi-finale – date de 1995.

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Le match retour entre le PSG et Manchester ravive la rivalité franco-anglaise.

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