Bernard Tapie jugé pour escroquerie Affaire Adidas
C’est une affaire à 404,8 millions d’euros que va examiner la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris en jugeant, à partir de ce lundi, Bernard Tapie et cinq autres personnes pour escroquerie et détournement de fonds publics.
En 1993, en difficulté financière, l’homme d’affaires revend Adidas à Robert LouisDreyfus. Mais dès 1994, il accuse le Crédit lyonnais, sa banque, de l’avoir lésé de 390 millions environ lors de la transaction. Le dossier atterrit devant la Cour de cassation en 2006. Celle-ci casse toutes les précédentes décisions favorables à Tapie et décide de renvoyer l’affaire devant une nouvelle cour d’appel. L’ex-ministre de François Mitterrand n’en peut plus de perdre du temps. Il propose de recourir à un tribunal arbitral pour solder le litige. L’Etat, plutôt heureux des précédentes décisions de justice, n’a aucun intérêt à le suivre. Mais, une fois Nicolas Sarkozy élu président de la République en 2007, il accepte pourtant. Et un an plus tard, le tribunal arbitral en question octroie à Bernard Tapie plus de 400 millions d’euros, dont 45 millions au titre du préjudice moral qu’il a subi. L’opposition s’insurge. La justice ouvre une enquête. Les juges découvrent que le tribunal qui a rendu cette décision n’était, sans doute, pas aussi impartial qu’il n’y paraissait. Ainsi, Pierre Estoup, l’un des trois arbitres étant intervenus dans la décision finale, se retrouve épinglé pour avoir entretenu des liens amicaux avec Maurice Lantourne, l’avocat de Tapie. Reste à savoir pourquoi l’Etat a accepté cette opération tout en sachant qu’elle pourrait lui coûter très cher ? Invoquant son immunité présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu répondre aux convocations des juges.