L’hydroélectrique de retour à Velaux
Energie verte Après sept ans de fermeture, la centrale de la Marie Thérèse est de nouveau branchée au réseau, grâce à une mobilisation
D’ un coup, ils’ arrête net et tend l’ oreille :« Ah, cela fait plaisir de l’entendre tourner, là c’est son vrai bruit ! ». Derrière ses faux airs un peu bourrus, Jean-Marie Salignon laisse transparaître son émotion, tandis que des ingénieurs se penchent sur les derniers réglages de la nouvelle turbine. Le moulin familial de la Marie Thérèse à Velaux, village du pays d’Aix, vient d’être raccordé au réseau. La petite centrale hydroélectrique recommence à fournir de l’énergie verte à 150 foyers alentour.
Plus de sept ans que le moulin était à l’arrêt. En cause, la panne de l’une de ses pales après cinquante ans de bons et loyaux services. Fin de l’histoire ? Sur le moment, Jean-Marie Salignon le pense. Trop d’ investissements pour, somme toute, une petite exploitation. « Pour moi, cela n’était pas envisage able », tranche alors Jean-Marie Salignon. C’était compter sans la mobilisation citoyenne pour faire revivre la Marie Thérèse. C’est en cherchant des producteurs d’énergie verte que Jérôme Lelong, coordinateur du pôle production chez Enercoop Paca, tombe sur le moulin. Et découvre son histoire. Il parvient à convaincre son propriétaire d’en faire un projet citoyen.
Un challenge humain
« Nous avons lancé une étude de faisabilité et, en 2015, plusieurs scénarios disaient que la réhabilitation de la centrale pouvait être rentable », se rappelle Jérôme Lelong. L’étape suivante « a été de mettre du monde autour du projet ». Laure Fenoglio fa it partie des soutiens de la première heure. « La Marie Thérèse, je l’ai toujours connue, on y venait aux asperges, pour le goûter, cela faisait une balade », raconte cette native de Velaux. Car le site, entre collines d’un côté et peupliers de l’autre, est superbe. A quelques mètres du moulin, le seuil aménagé sur le cours d’eau de l’Arc crée une chute, « le carburant » de la centrale. Pour la bénévole LPO Chantal Seguin, « le fait de sauvegarder ce site, d’y créer une passe à anguilles » a ainsi joué dans son engagement, comme celui de « donner un sens à mon épargne ».
Près de 200 citoyens ont rejoint l’aventure, réunis au sein de Provence En ergie Citoyenne, où chacun est actionnaire. Le budget total de réhabilitation de la centrale, qui a associé financement privé et public, est de 700 000 €. Outre le challenge technique et financier, la MarieThérèse est aussi un challenge humain. « Pour que ça marche, il faut des rendez-vous réguliers, organiser le travail, et que chacun puisse trouver quelque chose à faire, à la hauteur du temps qu’il a », poursuit le coordinateur d’Enercoop Paca. A présent, les citoyens poursuivent seuls l’aventure. Ils ont des idées plein la tête, notamment un projet hydraulique dans la vallée du Gapeau, dans le Var cette fois.