La sécurité dans les trains, gros enjeu pour les cheminots
Les syndicats de cheminots remettent en cause le dispositif qui permet de faire circuler les trains sans contrôleur
A la suite de quatre jours de bras de fer entre les syndicats de cheminots et la direction de la SNCF autour du «droit de retrait», le trafic ferroviaire s’est nettement amélioré, lundi, et il devrait être quasi normal ce mardi. Mais, après la collision mercredi dernier entre un TER reliant Charleville-Mézières à Reims et un convoi routier exceptionnel à un passage à niveau, la question de la sécurité à bord des trains n’est pas réglée pour les agents. Plusieurs organisations syndicales, dont SUD-Rail, la CGT Cheminots, FOCheminots et l’Unsa ferroviaire, dénoncent le mode d’exploitation appelé «équipement agent seul» (EAS). Ce dispositif, mis en place en 2002, permet de faire circuler les trains sans contrôleur. « Aujourd’hui, dans 6 000 trains en France, soit un tiers des trains qui circulent, le conducteur est seul dans le train, déplore Bruno Poncet, secrétaire fédéral SUD-Rail, interrogé par 20 Minutes. Avant, il y avait un contrôleur qui s’occupait de la fermeture des portes, de la vérification des billets et de la sécurité à bord du train. Maintenant, le conducteur s’occupe de donner le départ du train, de gérer le temps d’arrêt dans une gare, d’ouvrir et de fermer les portes du train. »
Pour Didier Mathis, le secrétaire général de l’Unsa, le problème de sécurité vient aussi de l’engin accidenté, un autorail grande capacité. « Ces engins ont déjà connu un accident grave, il y a plusieurs années, en Normandie », se souvient-il, avant d’ajouter : « Ce type de véhicule doit circuler avec un contrôleur habilité sécurité. »
«Aucun danger grave»
La SNCF a affirmé, dans un communiqué publié vendredi qu’il «n’y a aucun danger grave et imminent dans la circulation des trains ». Des propos soutenus par le gouvernement : « Les trois quarts des TER sont exploités [avec un agent] seul à bord», a déclaré Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’Etat aux Transports, sur BFMTV vendredi, ajoutant que ce fonctionnement était pratiqué « partout en Europe ». Contactée par 20 Minutes, la SNCF a indiqué qu’elle ne s’exprimerait pas sur le sujet, une enquête étant en cours. L’entreprise ferroviaire devrait prendre la parole jeudi, lors du rendu des conclusions.