20 Minutes (Marseille)

«L’antisémiti­sme est avant tout une histoire européenne »

- Propos recueillis par Jean-Loup Delmas

Il y a soixante-quinze ans, le camp de concentrat­ion d’Auschwitz était libéré. Quarante dirigeants, dont Emmanuel Macron, se rendent cette semaine en Israël pour rendre hommage aux victimes de la Shoah. L’historien Tal

Bruttmann revient sur les liens entre l’Europe et la discrimina­tion des juifs.

Comment l’expression de l’antisémiti­sme a-t-elle évolué en Europe depuis la Shoah ?

La Shoah a disqualifi­é l’antisémiti­sme, en premier lieu celui venant de l’extrême droite. Après la guerre, l’expression de l’antisémiti­sme est largement bannie de la sphère publique, même s’il resurgit cependant régulièrem­ent sur le devant de la scène.

Notre pays est-il l’un des plus touchés du continent européen par l’antisémiti­sme ?

La France se range parmi les pays les plus touchés, en raison du nombre d’actes antisémite­s mais aussi du nombre d’assassinat­s qui ont visé des juifs depuis le début des années 2000. On voit néanmoins que, en Allemagne, la violence se manifeste également, tandis qu’aux Etats-Unis l’antisémiti­sme devient violent et meurtrier.

Y a-t-il quelque chose d’antisémite propre au continent européen qui n’existe pas ailleurs ? L’antisémiti­sme est avant tout une histoire – et une pensée – européenne, qui s’est diffusée depuis l’Europe, à partir du XIXe siècle. Reste que l’antisémiti­sme a aussi été instrument­alisé au MoyenOrien­t, par les régimes au pouvoir, dans le cadre de la lutte contre Israël.

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Angela Merkel devant le camp de la mort d’Auschwitz, en décembre.

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