Un combat s’engage contre les plantes envahissantes
Biodiversité Le Parc national des calanques fait appel, ce week-end, à des bénévoles pour arracher des plantes exotiques envahissantes
Le mythe de Sisyphe revisité dans les calanques. Les bénévoles convoqués au Mont Rose, ce week-end, ne seront pas chargés de pousser éternellement un rocher jusqu’au sommet de Marseilleveyre. Mais leur tâche peut aussi sembler infinie : ils devront arracher les plants d’agave d’Amérique, de figuier de Barbarie, de griffe de sorcière ou de luzerne arborescente. Des plantes exotiques, envahissantes, qui perturbent la biodiversité des calanques.
«Le meilleur laboratoire»
«On sait qu’elles vont revenir, reconnaît Laureen Keller, chargée de mission Life Habitat pour le Parc national des calanques. Elles ont développé un système racinaire et une banque de graines. Pour le figuier de Barbarie par exemple, il faut dix ans pour épuiser complètement le stock!» Sisyphe était condamné pour l’éternité à son étrange châtiment… Les bénévoles du Mont Rose n’en prennent que pour dix ans. « Avec les gardes du Parc, on fera des “repasses” chaque année pour éliminer les plantules, puis tous les deux ans», précise Laureen Keller. Le but n’étant pas de « nettoyer » tout le massif des calanques, mais seulement quelques endroits. « Dans certaines zones on ne peut plus rien faire, mais sur les îles ou sur les zones littorales, on sait qu’il est encore temps d’agir», lance Loïc Panzani, du Naturoscope, l’association qui va gérer les bénévoles au Mont Rose.
Ce site est «le meilleur laboratoire possible», selon Julien Ugo, du Conservatoire botanique national européen. « Tous les enjeux du Parc sont résumés sur un petit caillou, poursuit-il. C’est le plus gros hotspot de biodiversité végétale, la fréquentation par les visiteurs est intense et comme on est à proximité de jardins privés, les espèces viennent s’étendre là. » Les acteurs de l’opération de ce week-end font d’ailleurs un gros travail de sensibilisation auprès des habitants des abords du Parc afin qu’ils cessent de planter des espèces envahissantes dans leurs jardins.
« Ces opérations sont efficaces quand on le veut, assure Julien Ugo. On a beaucoup travaillé sur la cartographie, on a hiérarchisé et croisé des données pour déterminer des sites prioritaires. On a suffisamment de retours d’expériences pour dire que ça va marcher !»
Pour « accélérer la cicatrisation », des plantes locales, comme l’astragale, seront également plantées pour occuper le terrain. Les premiers tests, effectués en mars dernier sur l’île de Ratonneau, dans l’archipel du Frioul, se sont avérés concluants. Dans les zones accessibles, ils seront menés avec des bénévoles. Sur les îles ou dans les falaises du Parc, une entreprise spécialisée s’en chargera, avant d’être relayée par les agents du Parc. « En aucun cas, on ne va éradiquer les plantes envahissantes, conclut Laureen Keller. Mais on pense que dans dix ans, on pourra dire : “la flore locale s’est réinstallée !”.»