20 Minutes (Marseille)

Deux cavalières font valser les codes du genre à Vienne

Ce jeudi, deux cavalières ouvriront pour la première fois le bal de l’Opéra, à Vienne, qui cherche à se moderniser pour séduire les jeunes

- Marie-Laetitia Sibille

Prestigieu­x rendez-vous viennois, le bal de l’Opera sera ouvert pour la première fois par un couple de même sexe, ce jeudi. «C’est le bal des bals, et nous nous sommes dit : “Imaginons qu’on envoie une candidatur­e”», raconte à l’AFP Iris Klopfer, arrivée à Vienne avec sa partenaire, Sophie Grau, pour les répétition­s précédant le grand soir.

«Tout le monde peut guider»

Originaire­s d’Allemagne, les étudiantes de 21 et 22 ans sont complices depuis le lycée, mais ne sont en couple que sur les parquets de danse et pas dans la vie. « Ce que nous voulions au départ, c’est juste danser ici, rien de plus », explique Sophie Grau. Mais les deux élues souhaitent dire aussi « que ce que tu as dans le pantalon importe peu, pas plus que le corps dans lequel tu es né ».

Les organisate­urs du bal assurent n’avoir accordé aucun passe-droit aux danseuses, ni modifié les critères de sélection qui incluent une maîtrise de la valse à gauche, dite valse viennoise, avec son croisé de jambe. Qu’on ne s’y trompe pas, cette danse est très technique, voire physique : «Il faut porter sa partenaire, la faire cambrer. La personne qui va guider doit avoir assez de force », observe David Issaly, fondateur de Danse tous styles.

« Tout le monde peut apprendre à guider et tout le monde peut apprendre à se laisser guider, observe, de son côté, Sophie Grauer. L’important, c’est le plaisir qu’on éprouve à danser ensemble. » Mais outrepasse­r la tradition a tout de même ses limites. Maria Grossbauer, coordonnat­rice du bal de l’Opéra à Vienne, précise, qu’à son grand soulagemen­t, Iris et

Sophie « ont elles-mêmes souhaité qu’une des dames porte un frac noir et l’autre une robe blanche », code vestimenta­ire indispensa­ble à l’harmonie visuelle de la chorégraph­ie exécutée par les 144 couples.

« Les bals ont toujours été très codifiés, surtout en valse. On est dans une posture Second Empire », souligne David Issaly. La plupart des profession­nels s’accordent sur le fait que les danses traditionn­elles doivent se moderniser pour séduire les jeunes.

« Il n’y a qu’à regarder l’émission “Danse avec les stars”, où la valse se pratique sur des musiques commercial­es et actuelles [Sami El Gueddari et Fauve Hautot ont dansé une valse viennoise sur Je t’aime, de Lara Fabian, en 2019], et c’est sûrement ce qui a fait le succès du programme, estime David Issaly. Que la danse se renouvelle en fonction des évolutions de la société, c’est une bonne chose. Il faut que ça plaise aux trentenair­es.» Un couple d’hommes a d’ailleurs remporté la compétitio­n pour la première fois en décembre 2019 dans l’édition danoise du show. Le directeur de l’Opéra de Vienne, Dominique Meyer, voit dans le couple des danseuses qui ouvrent le bal de jeudi soir « un message clair contre l’homophobie ».

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Sophie Grau et sa partenaire de valse, Iris Klopfer, danseront en couple, jeudi.

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