20 Minutes (Marseille)

Des géants de la restaurati­on rapide traînent des pieds sur la question du tri des déchets

L’été dernier, l’enseigne de fast food s’engageait à instaurer le tri, en salle, dans 70 % de ses restaurant­s. Mais le compte n’y est pas

- Fabrice Pouliquen

C’est une carte de France constellée de croix rouges. Il y en a près de 900, réparties en métropole et dans les DOM-TOM, qui correspond­raient à autant de fastfoods McDonald’s qui n’assureraie­nt toujours pas, en 2020, le tri sélectif des déchets dans les salles de leurs restaurant­s. Cette carte est le fruit d’un travail collaborat­if du collectif citoyen Zero déchet au McDo, lancé en janvier 2019 par Marine Laclautre. La jeune femme, originaire de Poitiers, explique avoir un jour accompagné des amis dans un McDonald’s et avoir été sidérée par ces plateaux débordants d’emballages jetés dans une même poubelle. «En totale contradict­ion avec “le décret 5 flux” du 10 mars 2016 qui leur impose le tri de leurs déchets », rappelle-t-elle. Depuis, le collectif Zéro déchet au McDo ne lâche plus l’enseigne américaine. Pas même après le contrat d’engagement signé le 11 juin entre la secrétaire d’État à la transition écologique, Brune Poirson, et 15 géants de la restaurati­on rapide, dont McDonald’s France. Ces derniers s’engageaien­t à rendre 100% de leurs restaurant­s opérationn­els pour le tri des déchets au 30 décembre 2021. Avec, pour point d’étape, d’être au moins à 70 % à la fin 2019.

Loin des 70%

«Le problème est que tout a été fait pour que ces enseignes se mettent en conformité avec une loi qui a déjà quatre ans, peste Marine Laclautre. Des consultati­ons aux ultimatums en passant par ces plans par paliers. Rien n’y fait.» C’est tout le constat dressé par cette carte collaborat­ive. «Nous avons lancé un appel sur les réseaux sociaux pour aller faire des photos des poubelles en salle dans les restaurant­s Mc Donald’s, raconte Zoé, membre du collectif. Nous avons complété en appelant les restaurant­s pour lesquels nous n’avions pas de données. Nous sommes ainsi en mesure de répertorie­r 1482 restaurant­s sur les 1488 que compte l’enseigne en métropole et dans les DOM-TOM.» Résultat : seuls 40% assuraient le tri des déchets en salle, loin, donc, des 70% promis. Contacté, McDonald’s France n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais donne sa position sur le sujet, en quelques lignes, par mail. «Depuis la signature de la charte d’engagement, nous avons ouvert des filières de tri, collecte et valorisati­on [des déchets] à un rythme de deux restaurant­s McDonald’s par jour ouvré», y annonce-t-elle. «L’enseigne sera bien en capacité de proposer le tri sélectif dans 100 % de ses restaurant­s en trois ans», assure-t-elle plus loin. Leadeur du marché de la restaurati­on rapide en France – avec 1,8 million de repas servis par jour –, McDonald’s , bien que pas la seule enseigne à être visée, est forcément scrutée plus que les autres sur la gestion de ses déchets. Dans un rapport paru en 2017, l’ONG Zero Waste France estimait que l’enseigne générait, à travers ses restaurant­s, 115 t d’emballages par jour, soit 42000 t par an. Et qu’elle a longtemps été proche « du zéro en termes d’efforts fournis sur le tri de ses déchets».

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Selon un rapport, en 2017, McDo générait 115 t d’emballages par jour.

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