Solidarité
A Nantes, des bénévoles cousent des protections pour les personnes précaires
Orange, jaune, bleu, vert… Les couleurs sont vives, les motifs variés, les finitions soignées. «Ce n’est pas parce que c’est distribué gratuitement que ça doit être triste et mal fichu, explique Farida. La couleur, c’est l’énergie. Et on en a bien besoin en ce moment.» Depuis miavril, l’association d’insertion nantaise Des femmes en fil est l’épicentre d’un réseau de bénévoles mobilisés pour la fabrication de masques en tissu, lavables et réversibles. Plus de 25 associations locales, réunissant près de 200 couturières, travaillent autour du même objectif : livrer 15 000 unités en un mois aux personnes précaires.
« C’est normal de participer. Face à cette crise, nous sommes tous concernés. »
Issa,
«On voyait bien qu’il y avait un besoin de masques, explique Aïcha Boutaleb, présidente de l’association et elle-même frappée par le Covid-19 fin mars. On a activé nos contacts, la ville de Nantes a décidé de nous soutenir en finançant le tissu, et ça a fait boule de neige audelà de nos espérances. On en a déjà réalisé 10000. C’est magnifique.» La plupart des bénévoles sont issus des quartiers d’habitat social. «Ce sont des personnes qui ont la couture comme hobby. On a même reçu l’aide de réfugiés syriens dont c’est le métier. Ils sont très précieux.» D’autres, comme Issa et Daniel, ne connaissent rien à la couture mais viennent tous les jours donner un coup de main. « On coupe des élastiques, on prépare des paquets, témoigne Issa, demandeur d’asile. C’est normal de participer. Face à cette crise, nous sommes tous concernés.» Les bénéficiaires sont des sans-abri, des migrants, des demandeurs d’emploi, des étudiants en difficulté. « Pour la distribution, on passe par les associations qui les connaissent le mieux, précise Aïcha Boutaleb. Elles aussi ont pour mission d’expliquer comment bien mettre le masque et se comporter avec. Mais, l’autre jour, j’en ai distribué directement plus de 50 à des bénéficiaires du RSA. On reçoit toujours de grands remerciements. De toute évidence, il y a une attente forte. » «L’Etat a fait preuve d’amateurisme dans la gestion des masques, est convaincue Farida Abid, directrice des Femmes en fil. Tous ces policiers et gendarmes que l’on voyait dans les rues sans masque, c’était irresponsable. Heureusement que les associations et les collectivités sont là. Mais on ne cherche pas à diviser. On s’est fixé un objectif de 15 000 masques, on travaille dur pour l’atteindre. »