20 Minutes (Marseille)

La solidarité a pris ses quartiers dans le McDo

Des organisati­ons ont réquisitio­nné un McDonald’s des quartiers Nord pour livrer des colis alimentair­es aux plus démunis

- Adrien Max

Un havre de solidarité au milieu d’une tempête de misère. Après avoir été l’épicentre d’une lutte sociale contre le géant américain McDonald’s, le fastfood de Saint-Barthélemy, dans les quartiers nord de Marseille (Bouchesdu-Rhône), est devenu le quartier général de la solidarité pour les personnes les plus démunies durant cette pandémie de Covid-19.

Il est 14 h 30, mercredi, Wada et Fatiha se présentent sur la voie du drive pour récupérer une centaine de colis alimentair­es dans ce « Uber solidaire ». Elles vont les distribuer dans la cité de la Paternelle. « A peine on arrive, les gens se dépêchent de venir chercher leur colis, sinon ils n’ont rien. A chaque distributi­on, des personnes s’ajoutent sur la liste », explique Wada. Derrière la fenêtre du drive, Salim Grabsi, du Syndicat des quartiers populaires de Marseille, s’active avec d’autres bénévoles pour faire passer les colis, et surtout veiller à ce que rien ne manque. Riz, farine, conserves, lait, fromage, huile : les colis sont confection­nés pour subvenir au besoin d’une famille de quatre personnes pendant trois jours environ.

«Situation de détresse»

Les paquets confiés aux associatio­ns de quartiers, il faut déjà s’activer pour réceptionn­er d’autres marchandis­es. Les associatio­ns présentes s’approvisio­nnent grâce aux dons de particulie­rs ou d’autres associatio­ns, notamment Emmaüs de la Pointe Rouge, ou alors en achetant de la nourriture grâce à la cagnotte en ligne.

Les dons permettent la livraison de 550 colis par jour, sans compter les maraudes. Près de 44000 personnes ont déjà pu être nourries. « Au bout de deux, trois semaines de confinemen­t, on a commencé à recevoir des coups de téléphone pour nous prévenir que des gens mourraient de faim. On est allés faire un tour avec Kamel, et là, on s’est rendu compte de la situation de détresse dans laquelle se trouvaient beaucoup de familles », raconte Salim. Avec Kamel Guemari, l’ancien directeur adjoint du McDonald’s fermé en décembre, ils décident de réquisitio­nner le restaurant, malgré le refus de l’entreprise de le mettre à dispositio­n. Depuis, le lieu a pris les allures d’un centre de gestion de crise : un panneau pour les roulements de la journée, un répertoria­nt le nombre de colis pour chacun des 45 quartiers et un autre pour les livraisons du jour.

Le début du déconfinem­ent n’a pas freiné la misère, bien au contraire. Depuis le 11 mai, une centaine de nouvelles familles viennent s’inscrire quotidienn­ement. « Le peu d’argent qu’ils récupèrent sert à payer les crédits qu’ils ont dû contracter pour ne pas mourir de faim pendant le confinemen­t. C’est de pire en pire », constate Karima de l’associatio­n Rebondir 13. « On a fait ce qu’on a pu et on continue. On n’a pas le choix, on est les derniers remparts avant que ça ne cède », estime Salim.

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Près de 44000 personnes ont pu être aidées depuis le début du confinemen­t.

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