Mehdy Metella
«Une médaille aux JO, c’est un ticket pour changer de vie»
Chaque semaine du mois de juin, 20
Minutes donne la parole à des athlètes qui auraient dû, d’ici à quelques semaines, participer aux Jeux olympiques. Ce jeudi, Mehdy Metella, médaillé de bronze aux JO de Rio avec le relais 4 x 100 m nage libre. La pandémie de coronavirus a été une chance inespérée pour le Guyanais, lui qui avait fait une croix sur les Jeux de Tokyo en raison d’une opération à l’épaule.
Où en êtes-vous de votre blessure?
Ça va très bien, la rééducation se passe super bien. J’ai repris l’entraînement lundi dernier [le 8 juin]. Chaque jour, je fais 45 minutes de rééducation, j’enchaîne avec de la musculation et ensuite une petite baignade de 10-15 minutes. Je retrouve le bassin petit à petit, ça fait du bien.
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris que les JO étaient finalement reportés?
Honnêtement, j’étais l’homme le plus heureux du monde. C’est normal, c’est mon côté sportif qui a parlé. Parce que d’un point de vue humain, j’étais bien conscient de la situation, de tous les morts. Certaines personnes n’ont pas compris que je pouvais me réjouir. Mais moi je ne parlais que de mon sport, de ma vie. Les Jeux, c’est le Graal pour tous les sportifs du monde, sauf peut-être les footballeurs. T’entendre dire que tu vas devoir attendre quatre ans de plus pour vivre ton rêve, c’est très dur. Tu te bats pendant trois ans pour atteindre la plus haute marche du podium, et d’un coup, plus rien. Donc oui, j’étais heureux que ce soit reporté. C’est le destin, absolument personne ne pouvait prévoir qu’on serait face à cette situation un jour. En fait, mon coeur est séparé en deux. Une moitié, celle du sportif, est très heureuse. Et l’autre est très triste.
Ça représente quoi, pour un sportif de haut niveau, de rater les Jeux à cause d’une blessure?
C’est horrible. Pour parler de la natation, ce n’est pas facile de vivre des JO. C’est la seule compétition qui peut fondamentalement changer ta vie. Si tu ramènes une médaille, c’est comme si on t’avait donné un ticket pour changer de vie. Alors devoir renoncer à ça, c’est terrible. Mais j’ai été obligé. Depuis octobre, j’étais en sursis. On m’a dit que mon épaule pouvait céder à n’importe quel moment, sur une course ou pendant une séance de musculation. A chaque fois que j’en faisais, mon bras pouvait lâcher, je pouvais prendre la barre de 100 kg en pleine figure et ça aurait été fini. C’était très dur à vivre, et j’ai dû me résoudre à l’opération [il souffrait d’une rupture partielle de la coiffe des rotateurs].
Aujourd’hui, la motivation pour revenir ne doit pas être très dure à trouver…
Ce n’est pas une motivation, c’est une rage! C’est énorme ce que je ressens. Comme dit ma soeur, c’est un truc qui n’aurait pas dû se passer. Repousser les Jeux… le truc impensable! Inimaginable! Je n’arrive toujours pas à réaliser, d’ailleurs. Mais je n’oublie pas pourquoi on a dû les reporter.