«Rachid l’instit» raconte ses années en classe Segpa
Prof en Segpa, Rachid Zerrouki sort «Les Incasables», un livre riche de son expérience quotidienne
En écrivant Les Incasables (ed. Robert Laffont), récit de quatre années en classe Segpa à Marseille, Rachid Zerrouki, alias le très suivi «Rachid l’instit» sur Twitter, ne pensait pas rempiler. Et puis, hasard des nominations, le voilà reparti pour un tour en pleine promotion de son livre.
Comment s’est passée cette rentrée postconfinement ?
Cela fait du bien de retourner en classe, de retrouver un peu de normalité. On est encore plein d’incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire, mais j’essaie de mettre en place une rentrée normale. Professionnellement, j’ai vécu le distanciel de façon très difficile, je me suis senti impuissant à aider mes élèves en grande difficulté. On ne peut pas travailler avec un smartphone. C’est une chose d’avoir un outil numérique, une autre de savoir l’utiliser à des fins pédagogiques.
Qui sont les « incasables » ?
C’est un terme qu’on emploie sur le terrain, il n’a pas de définition scientifique. Ce sont des jeunes pour lesquels on n’a pas trouvé vraiment de solution. Il ne faut pas s’arrêter au titre.
J’essaie de montrer une vision plus positive, de mener chaque élève à trouver sa place.
Ces collégiens ont bousculé beaucoup de vos certitudes…
Je suis arrivé avec l’envie de mener une pédagogie alternative, pensant que toute connaissance doit être construite par l’élève lui-même. C’est toujours comme ça que je vois les choses, mais il est très difficile de mettre les élèves en autonomie. Cette autonomie, je la voyais comme un outil, maintenant davantage comme le but à atteindre. C’est comme pour l’autorité. J’étais très permissif au début, certains diraient laxiste. Je voulais que les élèves se sentent libres pour qu’ils travaillent mieux. Je les privais de quelque chose de très important, un cadre sécurisant. «Vous êtes trop gentil monsieur », m’a dit un jour un élève. Il y a un vrai équilibre à trouver. Il faut comprendre ce qui peut mener l’élève à transgresser la règle. Si on ne fait preuve que d’autorité, on rentre dans un cercle vicieux.