20 Minutes (Marseille)

Le prodige Eduardo Camavinga n’était pas destiné au football

Le jeune crack rennais, destiné au judo, a changé de voie grâce à l’oeil d’une animatrice périscolai­re

- Aymeric Le Gall

« Troisième titre de champion olympique de judo pour Camavinga, qui entre dans la légende de son sport.» Vous auriez très bien pu lire cette phrase dans quelques années si, à 6 ans, le jeune Eduardo Camavinga, convoqué aujourd’hui en équipe de France de football, n’avait pas tapé dans l’oeil de Fatima Ali, animatrice périscolai­re de l’école élémentair­e de La Chattière, à Fougères (Ille-et-Vilaine), où le garçon vit avec sa famille qui a quitté l’Angola en 2003. « Ses parents l’avaient inscrit au judo, puisque son grand frère en faisait lui aussi, confie Fatima Ali. Le foot, il n’y jouait que dans la cour de récré de l’école, pas en club.»

«De base, je ne voulais pas faire de foot, je voulais faire du judo comme mon frère, indiquait le milieu de terrain rennais dans sa vidéo de présentati­on sur le site de la FFF. Sauf qu’à un moment j’étais à l’école et je faisais tout le temps du foot.

Et les surveillan­tes ont dit à ma mère de m’inscrire au foot, c’est là que tout a commencé. »

«Il était tellement doué au football que ça aurait été dommage de ne pas tenter le coup», raconte Fatima Ali, « fan de foot », et dont les souvenirs du jeune Eduardo sont encore bien vivaces : « Quand on faisait des rencontres interécole­s, c’était un régal de le voir jouer. Il faisait tout, il dribblait, il attaquait, il défendait, il courait dans tous les sens. Il pouvait même faire tout le terrain tout seul. Avec les collègues, on se disait : “Mais ce n’est pas possible d’être aussi doué à 6 ans !” » Dans la cour de récréation, le jeune Eduardo Camavinga était même obligé de jouer avec les grands car, sinon, les petits ne voyaient jamais le ballon. «Même les CM2, il les dominait largement », ajoute l’animatrice. Curieuse de voir ce que ce môme incroyable­ment doué pour son âge pense du football et de son niveau de jeu, Fatima Ali commence alors à discuter avec lui. «Un jour, rembobine Fatima, il m’a raconté qu’il aimerait bien faire du foot en club, mais qu’il n’osait pas trop en parler avec sa famille. Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, que j’allais m’en charger. J’ai servi d’intermédia­ire, en fait! »

Quelques jours après cette discussion, Eduardo Camavinga revient voir l’animatrice pour lui dire que ses parents l’ont inscrit au club du Drapeau de Fougères. Voilà, tout a commencé comme ça. Depuis, le milieu de terrain du Stade Rennais éclabousse la Ligue 1 de son talent à seulement 17 ans et a été convoqué pour la première fois en équipe de France par Didier Deschamps cette semaine. Si elle continue toujours de suivre sa petite pépite à la télé, Fatima Ali admet qu’il est plus difficile aujourd’hui d’avoir des nouvelles de l’adolescent. Samedi, elle sera devant Suède-France pour voir si le crack rennais honore sa première sélection en bleu. « Voir mon petit en équipe de France, ce serait incroyable», s’enthousias­me-t-elle. Il va falloir qu’elle s’y habitue.

« Il était tellement doué au football que ça aurait été dommage de ne pas tenter le coup. »

Fatima Ali, animatrice périscolai­re

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D. Vincent / AP / Sipa

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