La vague de précarité est redoutée dans les quartiers Nord
Dans les quartiers Nord, une flambée de la pauvreté est redoutée, après une première vague de précarité subie au printemps
Pour les associations et collectifs sur le front à Marseille, l’annonce du reconfinement laisse craindre le pire. « En comparaison avec mars, la situation s’est dégradée car les ressources des familles fragiles ne sont pas remontées. Aujourd’hui, les gens sont bien plus à nu et bien plus vulnérables », s’inquiète Pierre-Olivier Dolino, directeur de la Fraternité de la Belle-de-Mai, dans le 3e arrondissement. Au printemps, ce pasteur avait coordonné un dispositif d’entraide visant à distribuer des produits de première nécessité. De nouveau, Pierre-Olivier Dolino sait qu’il devra rapidement « déployer des aides alimentaires d’urgence ». Farida Benchaa, secrétaire départementale au Secours populaire en charge de la solidarité, explique avoir mis en place une « veille sur les réserves alimentaires » car le nombre de colis à distribuer risque d’exploser dans les jours qui viennent. « En temps normal, nous distribuons 60 000 colis par mois. Notre objectif pour le reconfinement, c’est de pouvoir tripler ce chiffre » avance-t-elle, avant de conclure amèrement : « Malgré toutes les associations mobilisées à nos côtés, nous ne sommes pas assez nombreux pour absorber la demande. »
« Les gens ont peur »
Lors de la première vague, les collectifs de quartier étaient donc directement interpellés par les habitants hors des radars institutionnels. C’est le cas du collectif Maison Blanche, dans le 14e arrondissement, qui vient de rouvrir sa cagnotte afin de renflouer les stocks. Le cofondateur du collectif, Naïr Abdallah, explique « recevoir de nouveau des messages de personnes en situation irrégulière, de travailleurs au black. Les gens ont peur, le reconfinement est tombé en pleine fin du mois. » Toujours dans le 14e arrondissement, les bénévoles du McDonald’s de Saint-Barthélémy se préparent, eux, à « une vague de précarité encore plus puissante », présage Salim Grabsi, du Syndicat des quartiers populaires de Marseille. En pleine liquidation judiciaire, l’ancienne enseigne s’est transformée en plateforme solidaire et reçoit des denrées de plusieurs associations. « Aujourd’hui, on a une liste de 14 000 personnes et on reçoit une cinquantaine de nouveaux inscrits tous les jours, s’alarme le militant. On risque de manquer de moyens. »
Du côté de la ville, les services ont annoncé financer de nouvelles mesures sociales d’urgence. « Le Samu social passera de 500 repas quotidiens à 1 000, détaille Audrey Garino, adjointe aux affaires sociales. Les besoins augmentent, chez les sansabri mais aussi chez des publics très différents. » Car par sa durée, la crise sociale risque de toucher des foyers jusqu’ici épargnés.