Des élus mobilisés au nom des commerces de proximité
La fermeture des commerces jugés non essentiels a entraîné une vague d’indignations chez de nombreux édiles
C’est une photo symbolique, très partagée sur les réseaux sociaux. Dans une grande surface, un rayon de livres est fermé par une banderole rouge : «Vente de livres et disques interdite. Conformément aux mesures gouvernementales en vigueur. » L’image illustre la controverse dans laquelle est plongé le gouvernement. Avec la mise en place du reconfinement, les commerces jugés «non essentiels» ont dû baisser le rideau. C’est le cas des restaurants, des magasins de jouets et de vêtements ou encore des librairies, au grand dam de leurs propriétaires. Empêtré dans la polémique, l’exécutif voit aussi monter une fronde des élus locaux, qui s’insurgent contre ces fermetures.
Face à la pression, le gouvernement a décidé vendredi que les grandes surfaces devraient aussi fermer leurs rayons culturels, par « souci d’équité ».
Des maires de villes petites et moyennes, comme Perpignan, Brive, Beaune ou Valence et Colmar ont même déjà pris des arrêtés autorisant l’ouverture des commerces non alimentaires, évoquant un besoin « d’équité commerciale », comme Gilles Platret. « Cette décision injuste va dévitaliser nos centres-villes », dénonce le maire LR de Chalon-sur-Saône.
Samedi, une cinquantaine de maires et présidents de grandes agglomérations ont demandé par courrier au Premier ministre, Jean Castex, de « travailler rapidement à une solution». L’Association des maires de France (AMF) demande, elle, un «réexamen de la notion de commerce de proximité». «Il y a une vraie fronde des élus locaux car, une fois encore, on a fait des grandes annonces sans écouter le terrain, soupire le maire UDI de Sceaux (Hautsde-Seine), Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF. Le gouvernement n’a pas compris qu’il valait mieux jouer avec les maires que sans eux.» Jusqu’ici, l’exécutif est resté ferme. Bruno Le Maire a dénoncé dimanche « cette poignée de maires irresponsables qui prennent des arrêtés contraires aux décisions prises par l’Etat ». Ces élus « pensent qu’ils soutiennent les commerçants. En réalité, ils menacent la santé des Français », a fustigé le ministre de l’Economie sur BFMTV. Le gouvernement a rappelé que les commerçants bénéficient déjà d’assouplissement par rapport au précédent confinement (retraits de commandes, livraisons). Pour tenter d’apaiser la colère, Jean Castex, le Premier ministre, a annoncé dimanche soir la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces à partir de mardi. Il a par ailleurs promis de «soutenir massivement» les commerces de proximité.
«Le gouvernement n’a pas compris qu’il valait mieux jouer avec les maires.»
Philippe Laurent, Association des maires de France