Le quotidien des délogés s’affiche sur la mairie
Des clichés évoquent les centaines de Marseillais privés de leur domicile
«Je m’appelle Baiha. J’ai 70 ans et j’ai vécu pendant vingt-deux ans dans un immeuble pourri de la rue TapisVert. J’ai été délogée, et je vis à l’hôtel depuis le 13 juin 2018. Je suis très fatiguée. J’ai perdu mon moral, parfois je n’arrive plus à tenir. Je veux la paix, pouvoir rester chez moi et vivre les jours qu’il me reste à vivre tranquillement», a témoigné, pleine d’émotion, cette délogée.
Comme Baiha, ils sont toujours 400 à 500, à Marseille, à vivre dans des hôtels après avoir été délogés de chez eux à la suite d’arrêtés de péril. C’est leur histoire qu’Anthony Micallef raconte avec l’exposition « Indigne Toit », dont les photos sont projetées sur la mairie et autour de l’espace Bargemon jusqu’au 22 novembre. « A la suite de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, j’ai choisi de raconter les conséquences sur les vivants », relate ce journaliste indépendant. « Une fois retrouvés, l’immense majorité de ces gens me disaient : “Merci d’être venu” », raconte-t-il.
L’exposition se compose de photos, de textes, et de sons grâce à des QR codes. « Les photos sont surtout là pour leur rendre leur dignité alors qu’on les avait fait disparaître. Les sons et les textes sont là pour libérer la parole de ce tabou qu’est le mal-logement à Marseille », explique-t-il. Pendant près de deux ans, il a récolté pas moins de 12 000 images. « Je voulais qu’elles soient vues par le maximum dans l’espace public. Et quoi de mieux que la mairie qui, jusqu’à l’élection de la nouvelle municipalité, représentait le mépris ? », demande Anthony Micallef.