20 Minutes (Marseille)

Le quotidien des délogés s’affiche sur la mairie

Des clichés évoquent les centaines de Marseillai­s privés de leur domicile

- Adrien Max

«Je m’appelle Baiha. J’ai 70 ans et j’ai vécu pendant vingt-deux ans dans un immeuble pourri de la rue TapisVert. J’ai été délogée, et je vis à l’hôtel depuis le 13 juin 2018. Je suis très fatiguée. J’ai perdu mon moral, parfois je n’arrive plus à tenir. Je veux la paix, pouvoir rester chez moi et vivre les jours qu’il me reste à vivre tranquille­ment», a témoigné, pleine d’émotion, cette délogée.

Comme Baiha, ils sont toujours 400 à 500, à Marseille, à vivre dans des hôtels après avoir été délogés de chez eux à la suite d’arrêtés de péril. C’est leur histoire qu’Anthony Micallef raconte avec l’exposition « Indigne Toit », dont les photos sont projetées sur la mairie et autour de l’espace Bargemon jusqu’au 22 novembre. « A la suite de l’effondreme­nt des immeubles de la rue d’Aubagne, j’ai choisi de raconter les conséquenc­es sur les vivants », relate ce journalist­e indépendan­t. « Une fois retrouvés, l’immense majorité de ces gens me disaient : “Merci d’être venu” », raconte-t-il.

L’exposition se compose de photos, de textes, et de sons grâce à des QR codes. « Les photos sont surtout là pour leur rendre leur dignité alors qu’on les avait fait disparaîtr­e. Les sons et les textes sont là pour libérer la parole de ce tabou qu’est le mal-logement à Marseille », explique-t-il. Pendant près de deux ans, il a récolté pas moins de 12 000 images. « Je voulais qu’elles soient vues par le maximum dans l’espace public. Et quoi de mieux que la mairie qui, jusqu’à l’élection de la nouvelle municipali­té, représenta­it le mépris ? », demande Anthony Micallef.

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Des portraits apparaisse­nt sur la façade du bâtiment.

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