Le programme Mistrals éclaire sur l’état du climat
Le programme international de recherches se termine après dix ans d’études
En bateau, en avion, sur le terrain, les scientifiques de Mistrals n’ont pas ménagé leurs efforts pour recueillir des milliers de données sur l’impact environnemental du changement climatique dans le bassin méditerranéen. Durant dix ans, plus de 1 000 scientifiques issus de 23 pays ont participé à ce programme inédit de recherches, qui a croisé les disciplines et les nationalités. « On a accumulé un corpus de connaissances absolument gigantesque et unique, se réjouit Cyril Moulin, directeur adjoint du CNRS-Insu (Institut national des sciences de l’univers). Cette somme va se concrétiser par une base de données Mistrals regroupant les données de toutes les campagnes d’observation.»
Et ces campagnes couvrent l’ensemble des enjeux actuels : pollution de l’air, de l’eau, épisodes pluvieux méditerranéens, sécheresse, biodiversité de la forêt méditerranéenne, etc. De la Seyne-sur-Mer à Djerba, pas moins de 15 millions de litres d’eau de mer ont ainsi été passés au tamis pour collecter quantité de planctons. Ce travail a notamment permis d’identifier une plus forte concentration de mercure dans les planctons de petite taille dans le nord de la Méditerranée que dans le Sud.
«Les modèles de demain»
Les épisodes de précipitations exceptionnelles, comme lors du passage de la tempête Alex dans le Gard et les Alpes-Maritimes, étaient aussi au coeur de Mistrals. Des équipes ont, par exemple, relevé la température de l’eau en Méditerranée, pour voir quel rôle elle pouvait jouer dans l’atmosphère et le système orageux. «Nous avons commencé à préparer les modèles de prévision de demain », indique Véronique Ducrocq, ingénieure MétéoFrance. «Mistrals s’arrête, mais cela ne veut pas dire que tout s’arrête, rassure Cyril Moulin. Les dynamiques qui ont pu être lancées, les nouvelles collaborations, ce sont des choses qui vont perdurer. » Sans compter que les futures recherches en Méditerranée pourront puiser dans la base de données. De l’open data cruciale, dans un esprit de sciences ouvertes.