20 Minutes (Marseille)

«Le bazar» dans les cantines

A Marseille, le protocole sanitaire renforcé pour lutter contre le coronaviru­s vient complexifi­er une situation déjà tendue

- Mathilde Ceilles

Distance d’1 m entre les enfants, un repas pris uniquement avec les élèves de sa classe… Depuis la rentrée, lundi, la cantine scolaire, un des rares lieux où les élèves de plus de six ans tombent le masque, est organisée selon un protocole sanitaire renforcé, en pleine deuxième vague de Covid-19. Mais, à Marseille, ces mesures drastiques semblent difficilem­ent applicable­s dans des cantines dont l’organisati­on, hors crise, est déjà problémati­que.

« Il faut embaucher ! »

« Ça va être le bazar, soupire Séverine Gil, présidente de l’associatio­n marseillai­se de parents d’élèves MPE 13. Déjà, d’habitude, c’est tendu. Avant la rentrée de Toussaint, ils avaient déjà du mal à mettre en place une distanciat­ion entre les enfants. On a un gros problème d’infrastruc­tures de locaux qui ne sont pas adaptés, un vrai manque de place. »

«Pour la rentrée, je vous le dis franchemen­t, je n’ai pas pu appliquer le protocole, soupire Magali Pellegrino, responsabl­e de la restaurati­on au sein de l’école Saint-Louis Lévêque et syndicalis­te FO. Avant la rentrée, on faisait trois services, trois rotations de 52 petits par service. Là, si on respecte le protocole, on est obligé de ne mettre que 36 petits. Ça fait cinq rotations ! On vous balance un protocole le vendredi soir et il faut l’appliquer le lundi matin. Mais moi, je n’ai pas la science infuse, ni le personnel. Lundi matin, j’avais huit malades sur une équipe de onze. On m’a envoyé des personnes qu’il a fallu former, mais on manque de personnel à Marseille. Il faut embaucher!» Dans un courrier, ce week-end, l’adjoint en charge de l’éducation, Pierre

Huguet, a suggéré aux parents qui le pouvaient de ne pas mettre leurs enfants à la cantine. « C’est une possibilit­é qui leur est offerte, temporise l’élu. Le protocole sanitaire nous a obligés à nous réorganise­r. Mais nous avons mobilisé du personnel, augmenter le temps de travail des agents et nous poursuivon­s le recrutemen­t. Nous travaillon­s aussi à élargir les espaces et trouver de nouveaux locaux.» Au milieu, les parents d’élèves marseillai­s restent perplexes. «Moi, j’ai préféré ne plus mettre mes enfants à la cantine, explique Amélie. Déjà, c’était pour soulager nos cantinière­s. Elles sont cinq pour 240 élèves inscrits à la cantine. Et aussi, parce que, selon moi, les conditions dans lesquelles sont nos enfants, c’est de la maltraitan­ce. On ne peut pas manger l’un en face de l’autre, on ne peut pas se toucher, on petit-déjeune à 7h30 du matin pour manger parfois à 13 h 30… C’est l’horreur. » Une possibilit­é qui n’est pas envisageab­le pour tout le monde. Car, comme s’interroge Charlotte, maman d’une petite fille scolarisée dans le centre-ville, « quel employeur accepterai­t de laisser ses salariés prendre une pause déjeuner entre 11 h 30 et 14 h, comme ses enfants?» Un mouvement de grève des personnels de la mairie est annoncé jeudi.

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Le nouveau protocole est en vigueur dans les cantines depuis lundi.

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