«Une routine terroriste s’est installée»
Autriche Le directeur de recherches à l’Iris François-Bernard Huyghe revient sur les attaques à Vienne
A son tour, l’Autriche a été frappée par le terrorisme. Au moins quatre personnes ont été tuées, lundi soir à Vienne, près d’une importante synagogue et de l’opéra. L’auteur, neutralisé par la police, était un « sympathisant » de Daesh, originaire de Macédoine du Nord, ont annoncé mardi les autorités. Il n’y a pas de preuve de l’existence d’un deuxième assaillant à ce stade de l’enquête, a pour sa part indiqué le ministre autrichien de l’Intérieur, Karl Nehammer. Pourquoi ce pays a-t-il été pris pour cible par les terroristes ? 20 Minutes a interrogé François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
L’Autriche a-t-elle déjà été menacée par le terrorisme ?
Non et, pour les Autrichiens, c’est très certainement une surprise. Personne ne prédisait des attentats à Vienne. Leur situation est bien différente de celle de la France. Les Autrichiens n’ont pas vraiment pris position sur les caricatures de Mahomet et ne faisaient pas partie de la coalition internationale qui est intervenue en Syrie ou en Irak. La dernière fois qu’ils se sont battus contre les Turcs, c’était en 1683, quand l’Empire ottoman a essayé d’envahir Vienne. C’est un pays de 8 millions d’habitants assez discret.
Pourquoi ça tombe sur eux ? La question reste en suspens.
Selon les dernières déclarations du gouvernement autrichien, l’assaillant a agi seul. Qu’est-ce que cela nous dit de cette attaque ? S’il s’agit bien d’un seul assaillant qui a couru dans six points-clés de Vienne, la principale différence avec les attaques récentes concerne l’utilisation d’armes semi-automatiques. Les attentats enregistrés au cours des dernières années ont été commis à l’arme
blanche ou avec un véhicule. Quant au port d’une fausse ceinture d’explosifs pour avoir la certitude d’être abattu par la police, il ne s’agit pas d’une nouveauté en Europe.
Selon vous, cette attaque marque-t-elle le retour de la menace terroriste en Europe ? Elle n’a jamais disparu. En Europe, une certaine routine terroriste s’est installée. On a d’ailleurs tendance à oublier certains attentats. Il y en a même eu un à Colombes [Hauts-de-Seine], lors du premier confinement [le 27 avril], mais les chaînes de télévision en ont moins parlé à cause du coronavirus. On est dans un phénomène historique durable. Mais on avait oublié que le danger est protéiforme.