«Un imbroglio de mesures locales brouille le résultat de l’élection», observe une politologue
La politologue MarieChristine Bonzom analyse l’élection, encore indécise
Les Américains ignoraient encore, mercredi (à 22h30, heure française), l’identité de leur nouveau président, entre le candidat démocrate, Joe Biden, et le président républicain sortant, Donald Trump. Et cela pourrait durer plusieurs jours après que le président sortant a lancé une bataille judiciaire (lire ci-dessous). «Du jamais-vu dans l’histoire récente des Etats-Unis», indique Marie-Christine Bonzom (photo), politologue spécialiste du pays.
Quelles sont les difficultés particulières de ce scrutin ?
C’est au niveau des Etats fédérés qu’est organisée l’élection, avec 51 élections locales. Dans chacune de ces juridictions, les autorités locales, soit démocrates, soit républicaines, décident des règles du jeu, ce qui complique les choses. On a donc un imbroglio de mesures locales, notamment sur les modalités du vote par correspondance, qui brouille la lisibilité du résultat. Donald Trump remet justement en cause la légitimité de ce vote par courrier, davantage utilisé par les électeurs démocrates. Mais existe-t-il des éléments tangibles pour contester ces votes ? Chaque Etat peut aménager les modalités de ce vote par courrier. La
Pennsylvanie a ainsi décidé que les bulletins envoyés par correspondance pourraient être dépouillés s’ils sont reçus jusqu’à trois jours après le scrutin. Cet Etat a aussi assoupli la réglementation sur le comptage et l’authentification de ces bulletins. Ces éléments pourraient apporter de l’eau au moulin de Trump, qui conteste la légitimité de ces votes par correspondance. Mais le vote par courrier est un droit accordé aux électeurs américains, il faut des éléments concrets pour le contester. Et rien n’indique à ce jour qu’il y ait eu des fraudes, comme l’affirme Trump. Avez-vous un pronostic sur la date à laquelle le résultat final et incontestable sera connu ?
Tout va dépendre du dépouillement, mais aussi des recours formés par les camps de Trump et de Biden. Chacun est prêt à se battre pour grappiller des voix. En théorie, comme la Constitution le prévoit, il faut que les Etats aient fini de dépouiller leurs bulletins de vote et déclaré les résultats définitifs avant le 14 décembre, date à laquelle le collège électoral se réunit pour choisir le président. Il serait bon pour la démocratie américaine que le résultat soit connu au plus tôt, faute de quoi la confiance des Américains dans le système politique et dans le système électoral ne fera que se dégrader.