20 Minutes (Marseille)

Des camions frigorifiq­ues pour gérer le «pic de mortalité»

Face à un «pic de mortalité» des malades du Covid-19, l’AP-HM craint de ne plus avoir de place dans ses chambres mortuaires

- Mathilde Ceilles

Les mots se font pudiques, mais ils cachent une réalité glaçante. En pleine épidémie de coronaviru­s, face à des « tensions possibles dans les chambres mortuaires», l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) a loué et positionné devant ses hôpitaux « des capacités mobiles de préservati­on à températur­e contrôlée », selon un communiqué envoyé par l’AP-HM à 20 Minutes. Autrement dit, l’AP-HM a décidé de se doter de camions frigorifiq­ues pour y disposer les corps des morts, devenus si nombreux dans les hôpitaux de Marseille depuis l’épidémie de Covid-19 que les morgues habituelle­ment prévues à cet effet pourraient être prochainem­ent insuffisan­tes.

«Il y a une tension dans les établissem­ents qui ont la plus grosse activité, notamment ici sur Marseille, parce que les dispositif­s qui existent pour recueillir les personnes décédées ne sont pas dimensionn­és pour un tel niveau », confirme le directeur de l’agence régionale de santé, Philippe de Mester.

Les formes les plus graves

La faute au « pic de mortalité très impression­nant » des malades du Covid19 auquel la région Paca fait face (lire ci-dessous). « On considère qu’actuelleme­nt une trentaine de personnes décède chaque jour dans la région », indique Philippe de Mester.

Or, à Marseille, « la mission du CHU est de prendre en charge les formes les plus graves de la maladie, écrit l’AP-HM. Il en résulte une augmentati­on importante du nombre de décès. Depuis le 1er avril 2020, 341 personnes sont décédées du Covid-19 dans les services des hôpitaux universita­ires de Marseille, dont 149 depuis le mois d’août.» Ce dimanche, cinq patients atteints du coronaviru­s sont décédés à l’AP-HM.

Au point d’envisager de trouver un lieu pour le transforme­r en immense morgue temporaire ? Dans son édition de samedi, La Provence évoquait notamment la réquisitio­n de la patinoire de la Capelette, dans le 10e arrondisse­ment de Marseille. « Ça n’est pas le cas », indique la préfecture des Bouches-du-Rhône à 20 Minutes. « On n’envisage absolument pas d’ouvrir un centre de concentrat­ion des personnes décédées dans la région, abonde Philippe de Mester. Ce genre de choses n’est pas du tout à l’ordre du jour. »

L’ARS compte notamment sur les sociétés de pompes funèbres pour trouver des solutions pour « aller plus vite», selon Philippe de Mester. Car, même si d’après l’AP-HM, à l’heure actuelle, « il n’y a plus de tension importante » dans les deux chambres mortuaires des hôpitaux marseillai­s, les chiffres continuent de grimper inlassable­ment. Lundi, l’AP-HM accueillai­t 338 malades du Covid-19. Un chiffre jamais atteint depuis le décompte journalier entamé en août.

 ??  ??
 ??  ?? Un patient atteint du coronaviru­s en réanimatio­n à la Timone à Marseille.
Un patient atteint du coronaviru­s en réanimatio­n à la Timone à Marseille.

Newspapers in French

Newspapers from France