La fin des grèves dans les cantines?
Un accord a été signé entre la mairie et plusieurs organisations syndicales pour assurer la continuité du service
A partir de la rentrée de janvier, une nouvelle donne sociale va s’imposer dans les écoles et crèches de Marseille. La ville annonce, en effet, avoir signé avec les principales organisations syndicales un accord sur le service minimum, qui doit être entériné le 21 décembre au prochain conseil municipal. Il impose aux « tatas », comme on les appelle ici, un délai de prévenance de quarante-huit heures pour se déclarer en grève. Mais surtout, les agents devront exercer leur droit de grève dès leur prise de service et non pas, comme c’est souvent le cas actuellement, une heure durant le temps du service.
« Les retenues de salaire vont être plus importantes, cela va beaucoup jouer sur ce qu’on appelle les grèves perlées», reconnaît Patrick Rué, secrétaire général FO des agents territoriaux de Marseille, dont le syndicat n’a plus la majorité absolue à la ville, mais continue de peser. « Nous n’étions pas sur une position de blocage, nous avions tout intérêt à trouver un accord », poursuit-il. De fait, cet accord, signé aussi par l’alliance CFTC-CFE-CGC, découle de la récente loi de transformation de la fonction publique. Elle permet aux collectivités territoriales de négocier sur la continuité du service public dans plusieurs domaines, et en particulier la restauration collective et scolaire.
«J’attends de voir»
Y aurait-il une lueur d’espoir pour les parents marseillais qui jonglent avec ces grèves à répétition dans les cantines ? La situation n’est pas nouvelle, mais elle a pris plus d’acuité encore avec l’application du protocole sanitaire. « J’attends de voir, réagit Séverine Gil, présidente de l’association de parents d’élèves MPE13. Dans toutes les entreprises, quand il y a un mal-être social profond, on trouve d’autres moyens que la grève. Le mal, il est avant, dans le manque de personnel. »
« J’ai envie d’y croire, mais je ne suis pas sûre que l’accord va calmer les esprits des tatas, confie une maman de l’APE de l’école La Parade, dans le 13e arrondissement. Je ne suis pas contre le droit de grève, je vois leurs conditions de travail, je les soutiens. Il n’y aura peut-être plus de grèves, mais des arrêts maladie. » « On demande des solutions, que la mairie ouvre un marché public pour faire appel à des intérimaires pour remplacer les personnels absents ou pas assez nombreux, poursuit-elle. On n’arrive pas à communiquer avec la mairie centrale, on ne reçoit en réponse que des mails types.» Elle fait le décompte : depuis la rentrée, l’école en est à quatorze jours sans cantine et à six jours de fermeture. Avec une vingtaine d’écoles, et elle espère d’autres encore d’ici là, l’association veut organiser un rassemblement de parents devant la mairie de Marseille la semaine prochaine, avant les vacances.