Le succès des artbooks se dessine aussi en France
Ces recueils d’illustrations de mangas sont de plus en plus édités en France
S’il existe des livres d’illustrations sur tous les arts, et donc la bande dessinée, le terme d’artbook évoque immédiatement, pour les fans, le manga. Et il suffit d’aller dans une librairie japonaise en France, comme l’institution Junku à Paris (75), pour se rendre compte que ces ouvrages sont mis en avant, parfois plus que les mangas eux-mêmes, et donc qu’il y a une demande des lecteurs et lectrices françaises.
On parle ici d’import, mais de plus en plus d’artbooks sont édités en France, à l’instar des récents Akira Club chez Glénat, Slam Dunk Illustrations 2 + chez Kana et Dreamland par le Français Reno Lemaire chez Pika. « L’artbook vient accompagner une série à succès, et c’est un peu la même chose au Japon, éclaire Satoko Inaba, responsable éditoriale chez Glénat Manga. Les mangas sont prépubliés dans des magazines, avec régulièrement des pages couleur, des images d’ouverture ou de couverture, qui ne sont pas reproduites dans les volumes reliés. L’artbook est l’occasion de remettre en avant l’oeuvre et le travail de l’auteur. »
Des encres spéciales
Glénat a ainsi édité des artbooks sur Dragon Ball, Tokyo Ghoul, Bleach, Berserk, Blame, One Piece ou les films du studio Ghibli. Si les illustrations ont la part belle dans les artbooks, en couleur et grand format, elles ne sont pas leur seul contenu, avec souvent des interviews, des coulisses, etc. « C’est ce qui nous incite à les traduire et à les éditer en France, sinon l’import suffirait », commente Satoko Inaba. Mais la fabrication d’un artbook est plus complexe qu’un manga, car il faut reproduire les couleurs à l’identique, avec des encres spéciales, parfois seulement disponibles au Japon. C’est le cas du superbe artbook Slam Dunk Illustrations 2 +, sorti par Kana en accompagnement de la réédition du manga et en quantité très limitée : l’impression n’est techniquement possible que dans deux imprimeries au monde, qui sont au Japon. Reno Lemaire a fourni, lui, plus de 800 illustrations inédites pour Dreamland, sur presque 400 pages couleur, pour un prix qu’il a lui-même fixé (35 €) : «Je voulais que ce soit un bel objet. Les mangas existent pour leur histoire. L’artbook, c’est le délire inverse, c’est très contemplatif et concret. »