Inceste Comment les parents peuvent-ils aborder ce sujet difficile avec leur enfant ?
Faire de la prévention auprès de ses enfants sur ce tabou n’a rien d’évident
Il y a eu l’affaire Olivier Duhamel, l’affaire Richard Berry, un gouvernement qui planche sur une loi sur l’inceste (lire ci-contre)… De nombreux parents doivent répondre à des questions venant de leurs enfants sur le tabou de l’inceste. Or il n’est pas évident de savoir quels mots employer pour faire de la prévention à son échelle. D’abord, « il faut que les parents soient sensibilisés à l’inceste, insiste Camille Gaillard, psychologue à l’association L’Enfant bleu. Il m’est arrivé de recueillir la parole d’un adolescent violé, et sa mère restait dans le déni. »
«Trouver un équilibre»
Ensuite, le discours doit s’adapter à l’âge des enfants. Si évoquer avec son enfant de 4 ans la possibilité qu’un adulte l’agresse sexuellement n’est pas chose aisée, expliquer que cet agresseur peut être un proche complexifie les choses. «Il faut trouver un équilibre : respecter sa sécurité intérieure et prévenir l’enfant que son corps lui appartient, prévient Dominique Fremy, pédopsychiatre. On peut en revanche faire un travail de prévention concernant les interdits, le respect du corps. » Sans forcément expliquer ce qu’est l’inceste à un enfant de moins de 7 ans, on peut lui donner des outils. «On peut lui apprendre à dire non, assure
Camille Gaillard. Lui dire : “Maman n’a pas le droit de toucher tes fesses, tu n’as pas le droit de toucher les fesses de Maman.” Si l’enfant est abusé, il sait ainsi que d’autres adultes respectent son corps. »
L’adulte peut aussi accompagner son enfant dans une démarche d’autonomie. Pour qu’il apprenne à se laver, s’habiller seul. « Une meilleure conscience de soi va apporter une meilleure conscience de l’autre, assure Andréa Bescond, scénariste des Chatouilles, qui raconte les violences sexuelles qu’elle a subies enfant. Et donc des gestes déplacés.»