20 Minutes (Marseille)

A Paris, il n’y a pas que le Qatar... il y a Barheïn aussi

L’émirat de Bahreïn détient 20% des parts du Paris FC, pensionnai­re de Ligue2

- Aymeric Le Gall

Vers une guerre fratricide entre émirs, à Paris? C’est ce qu’on a cru pressentir quand Bahreïn a pris 20 % des parts du Paris FC, le 27 juillet dernier. A quelques kilomètres du Parc des Princes et du PSG des Qataris, donc.

«Le sentiment de détestatio­n réciproque entre le Qatar et Bahreïn est ancré dans les mentalités, explique Clarence Rodriguez, ex-correspond­ante française dans le Golfe. Il faudrait être naïf pour ne pas faire le rapprochem­ent avec l’investisse­ment au Paris FC.» Il n’en fallait pas plus pour alimenter la machine à fantasmes. Déjà, ce n’est pas Bahreïn qui est venu chercher Paris, mais l’inverse. «Les Bahreïnis avaient approché d’autres clubs avant nous, affirme Pierre Ferracci, l’homme d’affaires à la tête du PFC. On n’a fait que bénéficier d’un contact que j’avais en Corse et qui connaissai­t une personne proche du pouvoir à Manama pour faciliter ce partenaria­t.» Mais «comparons ce qui est comparable, embraie le spécialist­e en géopolitiq­ue du sport, Jean-Baptiste Guégan. Quand on regarde les économies des deux Etats, Bahreïn ne peut pas se permettre d’avoir le même soft power sportif que le Qatar, il y a une vraie différence d’échelle.»

«Ramener des touristes»

Il synthétise : «En gros, Bahreïn cherche à se faire connaître en bien et à ramener des touristes. » Et il y a du boulot. « Il existe une forte emprise sécuritair­e que Bahreïn utilise de diverses manières, affirme l’ONG Bahreïn Human Rights. Sur le plan des droits de l’homme, des violations ont encore cours et les libertés sont toujours restreinte­s. » Selon nos informatio­ns, Pierre Ferracci, ami d’Emmanuel Macron, a par ailleurs sondé l’Elysée et le ministère des Affaires étrangères sur les relations franco-bahreïnies avant de se lancer. « Il est normal qu’on s’assure qu’un tel investisse­ment de ce type ne pose pas de problème », confirme une source proche du dossier.

Pour Jean-Baptiste Guégan, BahreïnPFC, c’est du gagnant-gagnant : «Pierre Ferracci sait que ça lui ouvre des opportunit­és là-bas, mais il sait aussi qu’il en ouvre aux Bahreïnis.» De là à faire de l’ombre au PSG... «Je ne crois pas que le but du régime des Khalifa soit de damer le pion au Qatar, concède Clarence Rodriguez. Mais s’ils peuvent les embêter... »

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L’émir de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, s’inscrit dans la tradition de détestatio­n de l’Etat voisin, le Qatar.

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