De l’opposition dans la majorité
« Islamo-gauchisme », menus sans viande… Plusieurs membres de LREM se sont divisés sur plusieurs sujets, ces derniers jours
Des assiettes lyonnaises a surgi la zizanie. La décision du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, de proposer des menus uniques sans viande dans les cantines municipales a déclenché une vive polémique au sein de l’exécutif. Ces derniers jours n’ont d’ailleurs pas été de tout repos pour LREM, qui s’est aussi écharpé sur « l’islamo-gauchisme ». Ces polémiques sont-elles le signe de tensions croissantes entre l’aile droite et l’aile gauche de la majorité? Samedi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé, à propos des menus du maire de Lyon, une «idéologie scandaleuse» et une «politique moraliste et élitiste des Verts ». Une décision fustigée par d’autres membres du gouvernement, comme le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, qui a évoqué «un choix antisocial et doctrinaire». L’affaire aurait pu en rester là si Barbara Pompili, ancienne d’EELV, n’avait pas mis les pieds dans le plat. «Je regrette beaucoup que, sur ce sujet, on retombe dans un débat préhistorique», a tranché la ministre de la Transition écologique, regrettant les «clichés éculés» de ses collègues.
Le débat a réactivé une ligne de fracture entre deux conceptions de l’écologie – l’une « pragmatique » et l’autre plus traditionnelle – au sein des macronistes. Le député et ancien agriculteur Jean-Baptiste Moreau a accusé Barbara Pompili de manquer de «loyauté» envers son camp. Une prise de position qui a poussé le vice-président de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, à demander la tête de Jean-Baptiste Moreau du porte-parolat de LREM. Après l’enquête sur l’université demandée au CNRS par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, la majorité s’est aussi fracturée, la semaine passée, sur la question de l’« islamo-gauchisme». Devant les tensions entre membres de la majorité, plusieurs ministres et députés, dont Cédric O, Stanislas Guerini, Elisabeth Moreno ou Laetitia Avia, ont dénoncé mardi l’«irrationalité actuelle autour du concept d’islamo-gauchisme, emblématique de la dérive du débat politique » dans une tribune au Monde intitulée «Au secours, le clivage droite-gauche revient!» A un peu plus d’un an de la présidentielle, la synthèse macroniste serait-elle menacée ? « Il n’y a pas de réactivation de clivages, juste des entrées différentes dans la mêlée, assure Sylvain Maillard. Ces cultures politiques diverses font la richesse de notre groupe.» Le porte-parole LREM à l’Assemblée ajoute toutefois : « Il y a de la frustration, car beaucoup de textes sont en attente, chacun joue des coudes pour les faire avancer. Mais une fois qu’on sera en campagne, il y aura une ligne directrice d’union : le projet présidentiel.»
«Il y a de la frustration. Chacun joue des coudes.» Sylvain Maillard, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée