20 Minutes (Marseille)

A l’heure du crunch, Galthié joue gros avec les Bleus

L’entraîneur du XV de France, Fabien Galthié, et le coach anglais, Eddie Jones, jouent gros lors du choc Angleterre-France, samedi

- A Toulouse, Nicolas Stival

Il n’y a pas que dans le foot où tout va très vite. Prenez le rugby et les cas d’Eddie Jones et Fabien Galthié, qui se retrouvero­nt face à face samedi (17h45), à Twickenham. Début décembre, le sexagénair­e australien était le sélectionn­eur d’un XV d’Angleterre vainqueur du Tournoi des VI Nations, puis de la baroque Coupe d’Automne. Le Lotois dirigeait quant à lui parfaiteme­nt sa «flèche du temps», à la tête d’une équipe de France en pleine renaissanc­e après une décennie noire. Trois mois plus tard, les deux hommes se retrouvent sous pression.

Avant le crunch, la Rose a simplement battu l’Italie (41-18), mais perdu contre l’Ecosse à domicile (6-11, une première depuis trente-huit ans), puis au pays de Galles (40-24). Jeudi, Galthié s’est présenté en visioconfé­rence de presse, flanqué du manageur, Raphaël Ibañez, où il a surtout été question de son rôle dans le «Bubblegate». Cette histoire de bulle sanitaire crevée a fait tomber le rugby français de son petit nuage. D’une voix monocorde, le patron tricolore a renvoyé ses interlocut­eurs vers le rapport interne qui le disculpe, malgré ses sorties avérées et pas vraiment secrètes loin de Marcoussis. Trois fois, Galthié, guéri du Covid-19, a lâché la même réplique : « Le protocole nous protège bien, mais le risque zéro n’existe pas.» Le message est clair : oubliez la polémique, sortez vos drapeaux bleu blanc rouge et supportez-nous quoi qu’il en coûte face à la perfide Albion.

Jones sous le feu de la critique

Eddie Jones, lui, a absolument besoin d’un succès sur l’ennemi héréditair­e pour repousser, au moins un temps, les critiques. Et rabattre le caquet de l’ancien arrière internatio­nal Mike Brown, aussi chroniqueu­r pour le Daily Mail : «Je n’en peux plus de ce jeu au pied de pression incessant et je suis sûr que les téléspecta­teurs n’en peuvent plus non plus», avait lâché le joueur des Harlequins après la douche écossaise. Trop stéréotypé, pas assez créatif, les reproches de Brown et d’autres suiveurs britanniqu­es concernent le jeu, mais aussi la personnali­té de l’autoritair­e sélectionn­eur. Mardi, en visio, Jones avait toutefois bien voulu concéder que sa formation «traversait une période de transition» à l’issue de laquelle «70% de ces joueurs iront jusqu’à la Coupe du monde, mais cela dépendra de leur envie, de leur forme, de leur condition physique ». Cela fait quand même près d’un tiers de sélectionn­és actuels sur le carreau, et des futures frustratio­ns à gérer.

Rien de tout cela côté Bleus, juré, craché. Mardi, le numéro 8 Grégory Alldritt avait qualifié de «rumeurs» les bruits sur un agacement du groupe vis-àvis de certaines libertés prises par Galthié. Pas sûr toutefois que la nouvelle doctrine gouverneme­ntale ceinture et bretelles résiste à une première victoire à Twickenham depuis 2007.

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A la veille du match, Fabien Galthié et Eddie Jones paraissent fragilisés.

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