Bas le masque au carnaval
Plus de 6 500 personnes ont déambulé, dimanche, dans les rues de Marseille, pour faire la fête, malgré l’épidémie de coronavirus.
Une fanfare qui s’époumone sur des musiques rythmées. Des milliers de Marseillais, souvent jeunes, qui dansent, une bière à la main et un large sourire aux lèvres qu’aucun masque chirurgical ne vient cacher. Ça s’enlace, ça se trémousse sur la place Jean-Jaurès, au coeur de Marseille, en ce dimanche ensoleillé. Annulé l’année dernière pour la première fois de son existence, en plein confinement, le carnaval de La Plaine a réuni dimanche environ 6 500 Marseillais, soit près de deux fois plus que lors de la précédente édition en 2019. Des carnavaliers bien décidés à ce que le coronavirus ne vienne pas jouer les troublefêtes de cette 21e édition. Ce carnaval militant est organisé chaque année par des collectifs citoyens pour célébrer le printemps et faire entendre des revendications politiques et sociales, sans jamais être déclaré aux autorités. Et cette année, après des mois d’épidémie de coronavirus, de bars fermés et de couvrefeu, une revendication a fait son apparition : celle du droit à la fête. « Je veux être en boîte », peut-on lire ainsi sur une pancarte. Un peu plus loin, une jeune fille défile avec, sur son masque, une inscription claire : « Rendez-nous la teuf ». « La fête, ça nous manque, justifie Antonia. Il y en a marre de toutes ces lois liberticides, cette politique pleine d’incohérence à mon sens. On remplit des trains, et moi qui travaille comme danseuse dans une compagnie, on m’empêche de travailler. C’est scandaleux. Ça fait plaisir de se retrouver sous ce beau soleil, pour célébrer le printemps. Il y a tous les ingrédients pour une belle journée !» Haïfa se déhanche au rythme des percussions. « Ça fait tellement longtemps qu’on n’a pas écouté comme ça un concert, en live, s’enthousiasme-t-elle. On revit. »
« Ils nous ont dit de nous confiner tous dehors, ironise Fred. Et bien voilà, on les écoute ! » « Je ne me sens pas irresponsable de participer à ce carnaval, car je ne crois pas que ce soit le peuple qui soit responsable de cette pandémie et de sa gestion », tacle de son côté Clara.
Perchées sur un petit muret pour mieux voir la foule épaisse qui s’offre à elle, Malo et Anaïs n’en reviennent pas. Les deux copines, originaires de Paris, sont venues se confiner à Marseille et vivent là leur premier carnaval de La Plaine. « Je n’ai pas vu autant de monde depuis près de quatre mois, constate avec une pointe d’amertume Anaïs. C’est dingue. » « Franchement, ça fait chaud au coeur de pouvoir faire la fête, abonde Malo. Enfin pouvoir participer à un truc qui nous rassemble tous ! »
« Je ne me sens pas irresponsable de participer à ce carnaval. » Clara, qui était de la fête