« Pas à l’apogée de la discrétion »
Les premières fois, Jean-François Paris s’est montré prudent : il a fait envoyer les courriers à son domicile pour ne laisser aucune trace. Car, a reconnu l’ancien « monsieur Sécurité » d’Ikea lundi à la barre du tribunal correctionnel de Versailles (Yvelines), il savait qu’il n’aurait jamais dû avoir ces documents entre les mains. Des enquêtes approfondies sur de potentielles recrues, des syndicalistes ou des salariés jugés trop vindicatifs. Parfois même sur des clients en litige avec le géant de l’aménagement. Quinze personnes, dont deux ex-dirigeants d’Ikea France, comparaissent pour collecte et divulgation illicite de données personnelles ou encore recel.
Des personnes à « tester »
Jean-François Paris, soupçonné d’être au coeur de ce système, est l’un des seuls à reconnaître les faits. A la barre, il admet avoir envoyé des listes de personnes à « tester » tout en sachant, « à la façon dont les libellés étaient faits », qu’une partie des informations provenait illégalement des fichiers de police ou de gendarmerie. A l’en croire, la pratique est ancienne, bien avant son arrivée en 1998, et s’il prend soin d’effacer ses mails, d’autres sont moins précautionneux : « Les factures étaient envoyées au siège, on n’était pas à l’apogée de la discrétion. »
Bien que les enquêteurs aient découvert de nombreuses recherches sur des salariés d’Ikea dans les fichiers de la police et de la gendarmerie, prouver qu’elles ont été réalisées pour le compte de l’entreprise n’a pas été chose facile. Les prévenus, qui comparaissent jusqu’au 2 avril, risquent jusqu’à cinq ans de prison.