Le genou à terre avant le coup d’envoi des matchs de l’Euro soulève bien des polémiques
Pourquoi l’Europe du foot se révolte contre le genou à terre avant le coup d’envoi ?
Les temps sont résolument durs pour qui essaie de poser pied à terre. L’activiste de Greenpeace, auteur d’un débarquement incontrôlé en ULM juste avant France-Allemagne, mardi, en sait quelque chose. Les Bleus, qui n’ont finalement pas posé le genou au sol, en signe de protestation contre les discriminations, aussi. « On part du principe que le genou à terre est une décision collective, a assuré Hugo Lloris pour expliquer cette volte-face. Si on doit le faire, toutes les nations doivent le faire avec l’appui de l’UEFA. » Sauf qu’en France et même en Europe, d’unité, il n’y a point. Y compris en Hongrie, future adversaire des Bleus. Pour le Premier ministre magyar, Viktor Orban (qui mélange un peu tout), « ce n’est pas une solution » d’apporter un tel « fardeau » moral et historique dans un pays qui « n’a jamais été concerné par la traite d’esclaves ». Plus à l’est, les Belges, eux, ont été sifflés par le public du stade de Saint-Pétersbourg pour s’être agenouillés. « On peut ne pas être d’accord avec l’action, mais les huées correspondent ici à un rejet de ces manifestations », détaille Ronan Evain, directeur exécutif de Fans Europe.
« Un phénomène très américain »
« Je pense que le genou à terre, quand il a été proposé et adopté pour la première fois, était un symbole vraiment puissant, expliquait le sélectionneur écossais, Steve Clarke. Mais il s’est peutêtre un peu dilué. » L’ex-Strasbourgeois Ricardo Faty estime aussi que le geste a fait son temps : « Ça reste un phénomène très américain, c’était bien au début, pour marquer le coup de l’épisode de George Floyd [tué lors d’une intervention policière en mai 2020]. Que ce soit institutionnalisé, je trouve ça déplacé, voire ridicule. » Si les gens qui rejettent l’agenouillement des joueurs ne sont pas forcément racistes, la réciproque laisse peu de place au doute. Des membres d’un groupe identitaire anglais ont ainsi été aperçus aux abords de Wembley avec une banderole incitant à huer les joueurs avant d’affronter la Croatie. Mais les joueurs anglais ont annoncé qu’ils ne lâcheraient rien. Ricardo Faty n’est pas entièrement d’accord avec l’idée de faire porter un si lourd fardeau aux joueurs : « Les joueurs ont grandi dans une diversité pour la plupart. Mais, autour du foot, il faut sanctionner, enlever des points, faire des huis clos... Il faut frapper fort. » Jusqu’à ce que l’ennemi pose genou à terre.