20 Minutes (Montpellier)

Boîtes à ca$h

Rappeurs et artistes de hip-hop snobent les grandes salles au profit des discothèqu­es. Un choix qui rapporte gros.

- Benjamin Chapon

Avant de devenir le premier groupe de rappeurs français programmés au fameux festival californie­n Coachella, PNL a joué… au Pharaon, à Tessancour­t-surAubette (Yvelines). Les rappeurs les plus en vue du moment se produisent d’ailleurs régulièrem­ent en showcases dans des discothèqu­es d’Ile-deFrance, tout comme Booba, Gradur, Kaaris, Dosseh… Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est amplifié à la demande des clubs. « Le modèle du DJ résident ou invité ne fonctionne plus très bien, il faut autre chose pour attirer les gens, explique Ludovic Walpole, directeur de la communicat­ion de l’Imperio Club, à Pierrelaye (Val-d’Oise). Annoncer 50 Cent à l’Imperio, ça veut dire que les gens vont venir avant et après. Même si, le soir du showcase, avec le cachet et les frais de sécurité, le chiffre d’affaires est niqué, ça fait connaître le club, ça nous donne une bonne image. Nous, on met le paquet niveau pub quand on a une star en showcase. » Le public est aussi devenu exigeant. « Ils veulent des artistes, pas des DJ, explique Ramsès du Pharaon. Cela peut être Patrick Sébastien ou un chanteur de variété française, mais les artistes street, ça marche mieux. »

Entre 10 000 et 70 000 €

Du côté des artistes, le relatif inconfort d’un showcase, moins prestigieu­x qu’un concert, est compensé par la joie de rencontrer son public (bien sûr) et une rentrée d’argent facile, entre 10 000 et 70 000 € la soirée. « Comme tous les clubs font la même chose, les artistes ont monté leurs cachets, c’est la loi de l’offre et de la demande », explique Ramsès, lucide. Souvent moins long qu’un concert, un showcase est plutôt léger à monter. « Ils jouent une demi-heure, en playback avec des retours », raconte Ramsès. Mais, à l’Imperio, Ludovic Walpole nous jure que les artistes ne jouent pas en play-back : « Chez nous, ce sont de vrais concerts, qui peuvent durer une heure. C’est même mieux : il y a une meilleure ambiance et une proximité avec l’artiste. Et puis les gens peuvent repartir avec une photo prise avec l’artiste. Et surtout, c’est moins cher. » L’un des inconvénie­nts est le surcoût en sécurité. « On a affaire à des gens alcoolisés, il faut faire attention », note-t-il. D’ailleurs, l’un des objectifs avoués du bout des lèvres de ces showcases est de vendre des bouteilles d’alcool au prix fort à un public qui attend la star. « L’artiste peut jouer à 1 h ou 4 h du matin, ça dépend, il y a un accord préalable », explique Ramsès. « On évite de le faire monter sur scène trop tard parce qu’il y a des gens qui ne viennent que pour ça », soutient Ludovic Walpole, qui tient à ce que le chanteur joue « tôt », vers 1 h du matin. « Les artistes avaient tendance à annuler leurs showcases au moindre problème, alors qu’ils n’annuleraie­nt jamais un concert, se souvient-il. Maintenant on leur demande de faire une vidéo pour les réseaux sociaux dans laquelle ils annoncent leur showcase chez nous. Sans ça, les gens n’y croient pas. »

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Booba au VIP Room de Cannes, le 20 mai 2014.
 ??  ?? Même Booba a dû passer par la case club (ici à Cannes, en 2014).
Même Booba a dû passer par la case club (ici à Cannes, en 2014).

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