La souffrance animale finira-t-elle à l’abattoir?
Les images de l’association L214, tournées en caméra cachée dans des abattoirs français, ont provoqué des haut-le-coeur chez bon nombre de Français. Mais la souffrance animale ne se limite pas qu’aux salles de mise à mort. Dans La Fin de la souffrance animale?, diffusé mardi soir sur France 5, la réalisatrice Frédérique Mergey a remonté toute la filière viande à travers le prisme du bien-être animal.
Chaque année, un Français mange en moyenne 86 kg de viande et 80 % des animaux consommés sont issus d’élevages intensifs. C’est la bête noire de L214, « plus encore que les abattoirs », précise Frédérique Mergey à 20 Minutes. Poussins broyés, lapins couverts de crevasses à force de tenir sur des grillages... Si le documentaire contient son lot d’images chocs, il donne la parole aux ONG, mais aussi à la défense – directeurs d’abattoirs, transporteurs, éleveurs… – dont le désir de communiquer est manifeste.
Une maltraitance absurde
Le 14 février, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) lançait une campagne intitulée « Les éleveurs respectent leurs animaux ». Paul Auffray, éleveur de porcs dans les Côtes-d’Armor et président de la Fédération nationale porcine, interviendra dans le débat qui suivra le documentaire, mardi. Il remet en question les vidéos de L214 : « Un porc élevé dans de mauvaises conditions grandira moins vite, sera plus exposé aux maladies et, in fine, sera moins rentable pour nous. »
Frédérique Mergey pointe pourtant des contradictions entre les discours tenus et certaines pratiques. « Ces éleveurs sont souvent sincères dans leur désir d’assurer le bien-être de leurs animaux », avance la réalisatrice. Ne serait-ce qu’un problème de définition ? Qu’entend-on par bien-être animal quand on parle de bêtes destinés à la consommation ? « Le citadin fera le parallèle avec son animal de compagnie, note Paul Auffray. Moi, j’ai entre 1 300 et 1 600 porcs que je ne peux laisser libres dehors. Vous imaginez la pagaille? » Il y a manifestement un équilibre à trouver. L’agricultrice Nicole Sergent, interrogée par Frédérique Mergey, le résume en une phrase : « Que l’animal soit bien, mais dans des techniques rentables. » Elle veut bien laisser ses cochons à l’air libre, mais prévient que le coût sera plus élevé pour l’éleveur et donc pour le consommateur. « Sera-t-il prêt à payer la différence ? » interroge-t-elle avec une moue dubitative.