20 Minutes (Montpellier)

Fillon joue la défense en carton

- Olivier Philippe-Viela

«L’Etat de droit a été systématiq­uement violé » au cours de l’enquête préliminai­re du parquet national financier (PNF) dont il a fait l’objet. C’est ce qu’a expliqué François Fillon lors d’une conférence de presse organisée en urgence, mercredi, après avoir appris qu’il sera convoqué « le 15 mars par les juges d’instructio­n afin d’être mis en examen ». Le député de Paris a avancé plusieurs arguments montrant qu’il n’a « pas été traité comme un justiciabl­e comme les autres ».

Il a ainsi dénoncé le fait « qu’une convocatio­n aux fins de mise en examen [le 1er mars donc] soit lancée quelques jours à peine après la désignatio­n des juges [le 24 février] ». Or, Jean Garrigues, historien coauteur d’Elysée Circus, rappelle que « cette rapidité exceptionn­elle est la raison d’être du PNF », créé en 2013 après l’affaire Cahuzac. « Il y avait eu 14 jours de délai pour l’ex-ministre du Budget [entre l’ouverture de l’informatio­n judiciaire et la mise en examen], contre 19 pour Fillon », précise quant à lui le politologu­e Olivier Ihl, auteur d’Une histoire de la représenta­tion.

Consternan­t, selon les juges

Le candidat LR estime aussi que les juges ont repris « une enquête menée dès le début exclusivem­ent à charge ». « S’ils prennent la décision de le mettre tout de suite en examen, c’est qu’il y a dans le dossier ce que le Code de procédure pénale appelle des indices graves et concordant­s », tranche l’ancien juge d’instructio­n Serge Portelli. Mercredi, François Fillon a fait référence à un texte de Jean-Eric Schoettl, qui a exercé au Conseil constituti­onnel entre 1997 et 2007, publié mi-février dans La Gazette du palais, sur « la compétence contestabl­e du parquet national financier ». Le problème, c’est que « la compétence du PNF est très vaste », y compris pour les détourneme­nts de fonds publics, confirme Dominique Chagnollau­d, spécialist­e de droit constituti­onnel. Enfin, François Fillon s’est dit victime d’un « assassinat politique », provoquant l’ire de Serge Portelli : « J’ai rarement entendu des justiciabl­es, même très en colère, traiter les juges d’assassins. L’entendre dans la bouche d’un ancien Premier ministre candidat à la présidenti­elle, je trouve cela consternan­t. »

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François Fillon estime ne pas avoir été traité comme un justiciabl­e ordinaire.

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