20 Minutes (Montpellier)

La Camarguais­e dans la course pour l’Unesco

TRADITIONS Le député Vignal va déposer une demande d’inscriptio­n pour la course régionale

- Nicolas Bonzom

Comme la culture de la bière en Belgique, le café turc, l’équitation française, la capoeira ou le Fado portugais, la course camarguais­e rejoindra-t-elle le patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ? C’est en tout cas le souhait de Patrick Vignal, député PS de l’Hérault, qui a lancé un combat depuis plusieurs mois, pour que cette discipline, pratiquée dans l’Hérault, le Gard, le Vaucluse, et les Bouches-duRhône, intègre cette liste de traditions à sauvegarde­r. « Cela changerait tout, note l’élu. C’est une culture véritablem­ent en danger. De plus en plus. »

« On serait plus serein »

Le dossier aurait déjà dû être déposé, fin mars, à l’Unesco. Mais pour Patrick Vignal, il faut encore « le muscler » un peu. Pour l’instant, 35 parlementa­ires et 55 mairies ont apporté leur soutien à la démarche. « Chaque jour, on en reçoit de nouveaux », note l’élu PS. Dans le milieu taurin, cette course vers l’Unesco est vue d’un bon oeil. « C’est une excellente chose, cela contribuer­ait à reconnaîtr­e nos coutumes, à les sauvegarde­r et à mieux les protéger », souligne Franck Bertaud, président du club Lou Souleu à Vers-Pont-du-Gard, qui regrette que sa discipline soit trop souvent confondue avec la corrida. Les deux pratiques n’ont pourtant que peu de points communs : dans une course camarguais­e, le taureau n’est pas mis à mort, et rentre dans son pré le soir. « On entend dire régulièrem­ent que ce sera interdit, parce qu’il y a parfois des blessés, note Jocelyn Riche, président du club de Quarante, qui organise des abrivados, des lâchers de taureaux qui symbolisen­t la conduite des pâturages aux arènes. Protégés par l’Unesco, on serait plus serein. » Mais c’est aussi économique­ment que cette reconnaiss­ance pourrait avoir du sens, selon ceux qui portent le dossier. Car la course camarguais­e à elle seule représente 50 millions d’euros d’activités économique­s, plus de 200 clubs, et quelque 20 000 bêtes vivant en semilibert­é dans 200 élevages. « Si demain, il n’y a plus de course camarguais­e, le nombre d’élevages se réduira de façon importante, explique Magali Saumade, manadière à Saint-Laurent-d’Aigouze, et présidente de l’appellatio­n d’origine contrôlée. Si la viande, l’accueil et la restaurati­on sont bien sûr des moyens d’exister, la course camarguais­e reste évidemment essentiell­e pour les éleveurs. » En Camargue, tous espèrent que Patrick Vignal parviendra à décrocher la cocarde. En 1997 et 2004, deux tentatives avaient échoué.

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La course camarguais­e représente plus de 200 clubs et 200 élevages.

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