Psst... on nous regarde !
La campagne et son issue intriguent et passionnent bien au-delà de nos frontières
Les résultats du second tour, dimanche, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron seront scrutés par nos voisins. Quatre correspondants de médias étrangers témoignent.
Une nouvelle preuve que notre présidentielle passionne le monde entier. Jeudi, sur Twitter, l’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama, a déclaré son soutien à Emmanuel Macron, qui affronte Marine Le Pen au second tour dimanche. Après le référendum sur le Brexit et l’élection présidentielle américaine, c’est désormais le scrutin français qui est suivi par les médias internationaux. 20 Minutes a sondé des journalistes étrangers.
Melissa Bell (CNN, Etats-Unis). « J’ai été frappée, partout où je suis allée pendant cette campagne, par le nombre de journalistes étrangers. L’ancien et l’actuel président des EtatsUnis continuent leur guerre d’idées à travers cette campagne. D’un côté, Barack Obama a apporté son soutien à Emmanuel Macron. De l’autre, on sent l’intérêt de Donald Trump pour les fortunes électorales de Marine Le Pen, même s’il ne la nomme pas. Dans leur grande majorité, les Américains découvrent les deux candidats, même si Le Pen est plus connue, notamment car elle a été identifiée, après la victoire de Trump et après le Brexit, comme la possible suite de cette vague populiste. Les conséquences du scrutin iront audelà des frontières françaises. »
Ekaterina Anisimova (AFP Moscou, Russie). « Les Russes ne s’intéressent pas beaucoup à ce scrutin. Mais, dès le début de la campagne, les médias d’Etat ont marqué leur fort soutien à Marine Le Pen. Ils la présentent comme la partisane des valeurs traditionnelles, qui combat l’immigration, ce qui plaît aux Russes. Macron, lui, est présenté comme pro-Américain. Si Marine Le Pen est élue, tout le monde parlera ici de la clairvoyance du président russe, qui l’a reçue à Moscou ». Stefan Simons (Le Spiegel online, Allemagne). « L’intérêt des Allemands pour l’élection est stimulé par la montée du FN, qui pourrait influencer nos élections en septembre, où l’AfD [nationaliste] pourrait passer la barre des 10 %. Macron, perçu comme pro-européen, a reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques, dont Angela Merkel ou Martin Schulz. Les positions de Marine Le Pen font craindre aux Allemands un Frexit, ça signerait la fin de l’Europe. »
Aurora Minguez (RTVE, Espagne). « Il y a un grand intérêt en Espagne pour Emmanuel Macron, car, chez nous, le leader du nouveau parti Ciudadanos est un homme, jeune, avocat, sans expérience de gouvernement, qui incarne le renouveau politique. Les idées de Marine Le Pen inquiètent les Espagnols, mais son discours anti-européen et antilibéral trouve en partie un écho chez nous. »