Des trémolos dans les voix
Sans front républicain clair, le report des suffrages est imprévisible
Difficile de savoir comment les Français reporteront leurs voix au second tour de la présidentielle. Ainsi, selon le sondage en continu hebdomadaire Ifop-Fiducial, environ 30 % des soutiens de la droite devraient voter Marine Le Pen et 50 % pour Emmanuel Macron. « Les électeurs de La France insoumise sont, eux, plus tiraillés, explique Thomas Vitiello, responsable de la Boussole présidentielle au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Si 37 % considèrent l’abstention comme une option, 50 % comptent voter pour Macron. »
« Abstention inavouée »
Pour ce qui est des électeurs de Benoît Hamon, souvent écologistes et attachés au front républicain, le spécialiste ne doute pas qu’ils voteront Macron. Marine Le Pen devrait, elle, bénéficier « d’au moins de la moitié de 4,7% des voix » qui sont allées à Nicolas Dupont-Aignan, et dont elle fera son Premier ministre, si elle est élue.
Un report de voix suffira-t-il toutefois à la mener à l’Elysée ? « Tout se joue sur l’abstention inavouée, qu’on ne peut pas, par définition, quantifier », avance Serge Galam. Ce physicien et membre du Cevipof a élaboré une formule qui permettrait de calculer le seuil minimum de participation des électeurs de Macron nécessaire à sa victoire. « Le vote pour Marine Le Pen est un vote direct, de conviction. Ceux qui affirment voter pour elle vont réellement le faire. Du coup, il faut une valeur minimale de participation des électeurs de Macron. Lui, en plus des votes d’adhésion, bénéficiera du vote utile. A l’heure actuelle, si seuls 65 % des gens qui affirment voter pour le candidat d’En marche! se déplaçaient aux urnes, cela permettrait à Marine Le Pen de passer avec 50 % des voix. » Une hypothèse qu’il juge toutefois peu probable. « Elle ne bénéficie que de 42 % des intentions de vote. Mais, plus ce chiffre monte, plus ce sera serré pour Macron. »