20 Minutes (Montpellier)

Le programme vert n’est pas mûr

Le dernier débat prouve le peu de considérat­ion de Le Pen et Macron pour le sujet

- Fabrice Pouliquen

Pas un mot… Il n’a jamais été question d’écologie, mercredi, durant le débat d’entre-deux-tours. Certes, l’écologie ne figurait pas parmi les thèmes choisis pour interroger Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais ils n’ont pas jugé bon, non plus, de s’aventurer sur le sujet. Est-ce surprenant de la part de deux candidats qui ont peu porté leur attention sur l’environnem­ent durant la campagne ? « Ils ont une vision très classique de la thématique, celle qu’on avait dans les années 1970. L’environnem­ent se limite pour l’essentiel à la préservati­on du cadre de vie et du patrimoine naturelle », estime Bruno Villalba, professeur de sciences politiques à l’école d’ingénieur AgroParisT­ech. « Aucun ne voit l’écologie comme une solution à des questions économique­s et sociétales, comme l’emploi », abonde Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Marine Le Pen et Emmanuel Macron formulent toutefois des propositio­ns en la matière. Et se retrouvent sur certains points. Les plus consensuel­s : développer les énergies renouvelab­les, agir contre la précarité écologique, favoriser les circuits courts, continuer à interdire l’exploitati­on du gaz de schiste et à appliquer le principe de précaution en interdisan­t les OGM.

« Des incohérenc­es »

Des divergence­s existent aussi. Sur le nucléaire par exemple. Marine Le Pen refuse la fermeture de la centrale de Fessenheim et veut engager le « grand carénage », ce plan de modernisat­ion, chiffré à 100 milliards d’euros, qui permettrai­t de prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires de quarante à soixante ans. Emmanuel Macron, lui, est pour fermer la plus ancienne centrale de France, mais seulement quand l’EPR de Flamanvill­e sera opérationn­el, et veut « réduire la part du nucléaire dans le mix énergétiqu­e de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 ». Soit la position du gouverneme­nt actuel.

A comparer les deux programmes, Jean-Baptiste Poncelet, de l’ONG France Nature Environnem­ent (FNE), donne une longueur d’avance à Emmanuel Macron. Il n’a pas oublié les déclaratio­ns climatosce­ptiques passées de Marine Le Pen. « Dans les mesures qu’elle prône aujourd’hui, il y a des incohérenc­es qui montrent, soit qu’elle n’a pas approfondi le sujet, soit qu’elle fait du clientélis­me. Elle dit vouloir développer massivemen­t les énergies renouvelab­les, mais annonce un moratoire sur l’éolien. »

Mais l’environnem­ent, prévoit JeanFranço­is Julliard, s’imposera au vainqueur, via le G7 puis le G20.

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Les candidats s’accordent sur le développem­ent des énergies renouvelab­les.

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