20 Minutes (Montpellier)

Moi, moche et (pas si) méchant

Si ces poissons au minois peu amène font peur, c’est surtout à cause de l’homme

- Christine Ludwig

«Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » Votre mère ne vous a pas dit qu’on ne jugeait pas sur les apparences ? Perçus comme dangereux ou agressifs, requins, murènes et mérous sont les premiers à souffrir du délit de sale gueule sous l’océan. La raison? Nous, principale­ment.

Il paraît un peu niais avec sa grosse bouche et sa mâchoire en avant. Mais vilain, le mérou ? Pas vraiment. Cela dit, le poisson, qui peut atteindre 2,50m de long et 300kg, n’est pas totalement inoffensif. « On a beau dire, en tant que plongeur, quand on se retrouve au milieu d’une dizaine de mérous qui nous entourent, il vaut mieux garder son calme », explique Emmanuel Leguay, vétérinair­e spécialist­e des poissons chez VetoFish. « Ces poissons ont été habitués à être nourris par les touristes. Les compagnies de plongée veulent garantir aux visiteurs qu’ils verront des poissons sous l’eau. Alors ils les attirent avec de la nourriture. Du coup, les mérous viennent et n’hésitent pas à leur croquer un petit doigt au passage. »

Une réaction à la menace

Il est la terreur de tous les surfeurs. « On entend souvent des histoires de requins qui se sont attaqués à l’homme. En réalité, c’est nous qui nous rendons sur leurs territoire­s. Ils se sentent attaqués et donc se défendent », explique Emmanuel Leguay. Le spécialist­e rappelle qu’il existe plus de 300 espèces de requins, dont peu sont agressives envers l’homme. « Il y a surtout le requin bouledogue ou le grand requin blanc. » En 2016, huit personnes sont décédées après une attaque de requin. Elles étaient six en 2015 selon le recensemen­t de l’organisme Tracking Sharks. Dans le dessin animé La Petite Sirène, deux murènes à l’oeil torve entourent Ursula, la sorcière à tentacules. En réalité, l’animal n’est pas si machiavéli­que. « Les murènes vivent dans des trous. Mais elles sont souvent dérangées par l’homme. Une fois sorties, elles ne se laissent pas faire », sourit Emmanuel Leguay. Il n’est pas rare pour elles de sortir la tête, montrer les dents pour intimider leurs adversaire­s, voire de les mordre pour qu’ils s’éloignent. A l’inverse, il leur arrive de coopérer avec les mérous pour trouver de la nourriture. « La murène va chercher des poulpes au fond des trous. Le mérou, lui, les attend à la sortie pour les attraper. Et à la fin, ils se partagent le festin. » Un bel exemple de coopératio­n entre espèces à l’écart de l’influence humaine.

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Les murènes aiment vivre dans des trous et mieux vaut les y laisser.

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