L’apprentissage au long cours
C’est une idée reçue qui a la peau dure : réservée aux formations courtes, aux professions manuelles et l’artisanat, l’alternance ne s’appliquerait pas aux études supérieures. Pourtant, les jeunes qui font des cursus longs trouvent également leur compte dans les contrats de professionnalisation et d’apprenti. « Quand on en parle, les gens ont l’impression que ça ne concerne que des CAP boulangerie, des BEP menuiserie… Des formations en-dessous du baccalauréat », remarque Zoé Minvielle-Debat, chargée du développement de l’apprentissage au Centre de formation des apprentis (CFA) de l’enseignement supérieur de la région Languedoc-Roussillon. « On a encore des entreprises qui s’étonnent de pouvoir recruter des apprentis issus d’études supérieures, déplore-t-elle. Principalement des TPE/PME qui ont des besoins, mais ignoraient qu’elles pouvaient recruter des apprentis. » Pourtant, l’apprentissage concerne également l’enseignement supérieur : licences professionnelles, masters d’ingénierie, d’oenologie, de management… « Les profils sont très variés, avec des niveaux allant de bac+2 à bac+5 », souligne Zoé Minvielle-Debat. Par ailleurs, constate la spécialiste, « le nombre d’apprentis gérés par le CFA Languedoc Roussillon a augmenté depuis l’an dernier, passant d’environ 1 260 à 1 350 ».
S’ouvrir des portes
Les raisons pour lesquelles ces étudiants en formation longue choisissent l’apprentissage ? Les mêmes que pour les autres. « Le premier argument, c’est l’acquisition d’une expérience professionnelle, explique Zoé Minvielle-Debat. Entre deux jeunes à bac+3 et à formation égale, c’est forcément celui avec une expérience qui sera choisi. » L’autre avantage, pointe la chargée de développement, « c’est la rémunération ». Contrairement à un stagiaire, l’apprenti jouit d’un statut de salarié, avec les avantages et les responsabilités qui vont avec. De plus, la formation de l’apprenti est prise en charge par l’entreprise. Une proposition intéressante pour un étudiant aux finances parfois limitées… « Le marché du travail, notamment sur notre région, est particulièrement tendu. Il y a peu d’offres et beaucoup de chômage, conclut Zoé MinvielleDebat. L’apprentissage permet aux jeunes de se créer des opportunités et d’ouvrir des portes. »