Paris fait sa cour
Pour leur première rencontre, Emmanuel Macron accueille le président russe Vladimir Poutine au château de Versailles. Un choix symbolique à plus d’un titre.
Emmanuel Macron reçoit ce lundi Vladimir Poutine au château de Versailles, où ils visiteront une exposition consacrée à la venue du tsar Pierre le Grand en France en 1717. Le lieu n’a pas été choisi par hasard.
Un lieu de puissance. Au G7 (lire ci-dessous), Emmanuel Macron a pris ses marques sur la scène internationale. En rencontrant Vladmir Poutine, il poursuit sur sa lancée. « Avec Versailles, il se place dans la tradition de la grandeur française. Il veut montrer que la France est puissante sur la scène internationale et n’est pas en infériorité face à la Russie », estime Dominique Colas, professeur à Sciences Po.
lieu de symboles. « Le château de Versailles est un lieu symbolique de la monarchie républicaine. Il est associé dans l’imaginaire commun à des missions diplomatiques, car il a régulièrement été utilisé pour signer des traités », souligne Alexandre Eyries, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bourgogne – Franche Comté. Un symbole fort à l’heure où les deux présidents veulent tenter de surmonter une méfiance réciproque.
Un lieu neutre. Les visites officielles entre deux chefs d’Etat se déroulent traditionnellement à l’Elysée. « Le château de Versailles n’est pas un lieu d’exercice du pouvoir. C’est un cadre d’échanges neutre, dépassionné. La rencontre Poutine-Macron a des airs de causerie entre deux chefs d’Etat », analyse Alexandre Eyries.
Un lieu mitterrandien. Emmanuel Macron a remis au goût du jour des symboles politiques, comme l’a fait en son temps François Mitterrand. « Avec Versailles, il rappelle le G7 organisé par Mitterrand en 1982 dans le même lieu », estime Alexandre Eyries.
Un lieu historique. Il y a 300 ans, la visite du tsar russe avait permis aux deux pays d’établir des relations diplomatiques. « Pierre le Grand, c’est un grand réformateur qui a fait basculer la Russie dans une forme de modernité, explique Alexandre Eyries. Visiter cette exposition, c’est montrer à Poutine qu’on le traite en tsar moderne. C’est un moyen de le flatter et de lui envoyer un signal positif pour la suite. »