20 Minutes (Montpellier)

Comment la 3D dupe le cerveau

Au cinéma ou ailleurs, nous calculons inconsciem­ment la profondeur pour voir en 3D

- Thierry Weber

D’abord, il y a eu le cinéma. Muet et en noir et blanc. Puis, les personnage­s ont pu parler, fixés désormais sur des pellicules en couleur. L’histoire du cinéma est jalonnée d’inventions et d’avancées techniques. Parmi celles qui ont atteint le marché de masse ces dernières années, la 3D mise sur le fonctionne­ment même de notre cerveau pour nous plonger en plein coeur de l’action. Sachez que nous percevons n’importe quel film en trois dimensions. Oui, même Citizen Kane ou la toute première production des frères Lumière. Mark Wexler, directeur de recherche au CNRS au sein du laboratoir­e psychologi­e de la perception, explique : « Lorsqu’un objet apparaît derrière un autre, votre cerveau sait que l’objet partiellem­ent bloqué se trouve derrière. Les lignes de fuite renseignen­t, le mouvement aussi. Quand vous regardez à la fenêtre d’un train par exemple, les objets proches des rails défilent très vite, mais pas ceux qui sont plus éloignés. C’est ce qu’on appelle la parallaxe. »

Un cerveau calculateu­r

Si Mark Wexler évoque ce qu’il appelle des « indices 3D », ce n’est pas pour rien. Il souligne que même sur écran, le cerveau effectue des calculs pour distinguer la profondeur. De la même façon, si nous percevons la réalité qui nous entoure en trois dimensions, c’est justement grâce à un calcul poussé de notre cerveau. Notre vision repose sur le principe de « disparité binoculair­e », nous apprend l’expert. Concrèteme­nt, cela signifie juste que chacun de nos yeux « voit différemme­nt parce qu’il n’est pas au même endroit ». Cette différence, « le cerveau l’interprète et fait un calcul géométriqu­e complexe », et c’est grâce à cela que nous ne voyons pas simplement la superposit­ion des images perçues par chacun de nos yeux, mais une vision cohérente, en 3D.

Des caméras pour les yeux

Quel rapport avec la 3D au cinéma ? Elle aussi repose sur la disparité binoculair­e. « Le cinéma 3D est filmé avec deux caméras », comme nos deux yeux. En réalité, « on projette très rapidement les images oeil gauche et oeil droit. Sans les lunettes, votre vision les superpose ». Nous percevons donc une image aux lignes dédoublées, qui correspond à la superposit­ion des plans capturés par les deux caméras. « Les lunettes font en sorte que les images destinées à l’oeil droit aillent seulement à l’oeil droit. » Et le cerveau nous offre sa vision 3D.

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Les lunettes 3D distribuen­t les images entre l’oeil droit et l’oeil gauche.

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