Canal+ et Netflix veulent diffuser des films plus vite
Canal+ et Netflix veulent réduire le temps d’attente pour diffuser un film
La chronologie des médias au cinéma, c’est comme une dispute de couple. Depuis l’accord du 6 juillet 2009, un film sort d’abord en salles, puis en DVD et enfin à la télévision. Certains voudraient redéfinir cette règle. Au dernier Festival de Cannes, Netflix a relancé le débat en refusant que deux de ses films, The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-ho, soient diffusés lors de la sélection officielle. De son côté, Canal + voudrait pouvoir diffuser les films six mois après leur sortie, contre dix aujourd’hui. Un nouveau temps est-il venu pour la chronologie des médias ? Techniquement, elle s’applique aux oeuvres projetées en salles. Mais Netflix a trouvé un subterfuge pour tenter de rompre la règle préétablie. En empêchant qu’Okja sorte dans les cinémas, la plateforme a pu proposer son film dans son propre catalogue. Sans cela, elle aurait dû passer par le circuit traditionnel et donc attendre 36 mois pour le diffuser. Mais remettre en question cet accord n’est pas simple. Toutes les parties ont un rôle à jouer : d’une part, les distributeurs n’ont aucun intérêt à voir un film diffusé sur la chaîne cryptée au bout de six mois ; d’autre part, les producteurs ont besoin de financements. Si Canal + passait à six mois, les DVD et la VOD n’auraient plus que deux mois pour exploiter le film avant qu’il soit diffusé à la télé, contre quatre mois aujourd’hui. « On a besoin d’une priorité pour le cinéma, même si elle peut être renégociée, ou on peut imaginer une VOD géolocalisée quand un film ne passe pas dans certaines villes, précise le producteur Jean Labadie. C’est le système le plus vertueux au monde, mais on peut certainement l’adapter ». Les règles vont bouger, mais ne seront peut-être pas révolutionnées. « C’est dommage de ne pas proposer en VOD un film qui ne marche pas en salles », note Jean Labadie. Et si la chronologie des médias semble alimenter le téléchargement illégal, tout le monde n’est pas de cet avis. « Le piratage vient du fait qu’on est le seul pays à ne pas sanctionner un vol [Hadopi envoie deux avertissements avant de transmettre le dossier au tribunal] », déplore-t-il. En février, le Centre national du cinéma (CNC) a proposé que les salles de cinéma voient leur fenêtre d’exploitation se réduire de quatre à trois mois et que le film soit ensuite disponible à l’achat en VOD puis, passé un mois supplémentaire, à l’achat et à la location pour toujours.
« C’est le système le plus vertueux au monde. Il peut être adapté. »
Jean Labadie, producteur