20 Minutes (Montpellier)

A vos marques, prêts, partez !

Sans surprise, les Jeux olympiques 2024 reviennent à Paris. La capitale et sa périphérie vont devoir se doter d’infrastruc­tures pérennes dans les années à venir.

- Nicolas Camus

Mardi 11 juillet, à Lausanne (Suisse). Tony Estanguet sort de l’ultime grand oral de présentati­on de Paris 2024 devant les membres du CIO et appelle son grand frère Patrice, à Pau. « Il voulait juste me dire que, dans son discours, il avait parlé de nous, de notre histoire, raconte l’aîné. On s’est retrouvé pendant plusieurs années à vouloir la même chose. Sauf qu’il n’y avait pas de place pour deux. » Et que les victoires du benjamin, les premières tout du moins, ont également signifié les échecs de son aîné. De cette histoire découle le lien qui unit le triple médaillé d’or de canoë (2000, 2004 et 2012) à l’olympisme. Tony

« J’avais besoin de ce challenge. Je suis sorti de ma zone de confort. »

Estanguet s’en est servi pour convaincre le CIO de choisir la capitale française pour accueillir les JO, dans sept ans. La victoire, qui sera officielle ce mercredi, porte son empreinte. « Tony a émergé pendant cette campagne, dit Mike Lee, l’influent lobbyiste anglais rallié au projet. Il s’est transformé en vrai leader de la candidatur­e. » L’ancien céiste est vite apparu aux yeux de Bernard Lapasset, le coprésiden­t de la candidatur­e parisienne, comme le chaînon manquant à la France pour, enfin, décrocher les JO. Athlète accompli et intéressé par la chose politique, Estanguet correspond au portrait-robot du « leader issu du monde du sport », voulu par le président Hollande. « J’avais besoin de ce challenge, raconte Estanguet à 20 Minutes. Je suis sorti de ma zone de confort. » Début 2013, après avoir été élu à la commission des athlètes du CIO, il commence à travailler au côté de Lapasset, missionné par le ministère des Sports et le Comité national olympique et sportif français, pour tenter de comprendre pourquoi la France a perdu de son influence sur l’échiquier sportif mondial. « J’avais vraiment envie de me jeter dedans, parce que j’ai souffert des dernières candidatur­es, des faiblesses à ne pas réussir à connecter notre projet à l’internatio­nal, retrace-t-il. J’ai mis beaucoup d’énergie à aller faire le tour du monde, à rencontrer ces gens, à comprendre leur logique. » Peu habitué aux grands discours avant le lancement officiel de la campagne, Estanguet se montre pourtant excellent dans l’exercice. « Il m’a bluffé ! Ce gars-là pourrait être un jour président du CIO », glisse une personnali­té très impliquée dans le monde de l’olympisme à la sortie du discours de Doha en novembre 2016. En interne, on vante ses qualités d’écoute et d’analyse, et sa capacité à trancher. « Il a beaucoup appris en côtoyant des politiques de premier plan, comme François Hollande, Anne Hidalgo, Emmanuel Macron… », illustre un collaborat­eur. Une fois l’attributio­n des Jeux à Paris ratifiée, Estanguet sera le seul maître à bord. Et tout le monde trouve ça normal. « Je ne suis pas surpris par sa réussite, confie Michal Martikan, qui a été son rival dans les bassins. Il a toujours été un grand diplomate. Il est charismati­que, conscienci­eux. » Tony Estanguet n’aura pas de médaille d’or pour ça, mais c’est une sacrée victoire quand même.

 ??  ?? Thomas Bach, Anne Hidalgo et Tony Estanguet à Paris, le 2 octobre 2016.
Thomas Bach, Anne Hidalgo et Tony Estanguet à Paris, le 2 octobre 2016.
 ??  ?? Trois fois médaillé d’or, Tony Estanguet est devenu l’homme fort de la candidatur­e parisienne pour les JO 2024.
Trois fois médaillé d’or, Tony Estanguet est devenu l’homme fort de la candidatur­e parisienne pour les JO 2024.

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