20 Minutes (Montpellier)

Gros désaccord sur l’accord

- Fabrice Pouliquen

Un accord qui manque d’ambition sur l’environnem­ent et dont le climat est le grand absent. La commission d’évaluation du Ceta, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, l’écrit sans détour dans un rapport remis au gouverneme­nt vendredi dernier. Qu’en retiendra Emmanuel Macron ? Réponse ce mercredi, avec la présentati­on des enseigneme­nts que le gouverneme­nt tire justement de ce rapport. Pour Mathilde Dupré, de l’institut Veblen, un think tank sur la transition écologique, il n’y a pas à tergiverse­r : « Le Ceta n’est pas compatible avec l’Accord de Paris sur le climat. » En abaissant drastiquem­ent les droits de douane entre l’UE et le Canada, le Ceta favorisera les flux commerciau­x entre les deux parties, et donc a fortiori les gaz à effet de serre induits par le transport des marchandis­es. En parallèle, les ONG craignent une harmonisat­ion par le bas des normes sanitaires et environnem­entales. « Depuis cet été, le Canada autorise la commercial­isation d’un saumon génétiquem­ent modifié sans que rien ne le précise sur l’étiquetage, illustre Samuel Leré, de la Fondation pour la Nature et l’homme (ex-fondation Nicolas Hulot). Si le Ceta implique moins de contrôles sur les produits venus du Canada, comment s’assurer qu’ils n’atterrisse­nt pas sur les marchés européens ? »

Des marges de manoeuvre ?

Autre problème : le pétrole issu des sables bitumineux, une technique d’extraction décriée sur le plan environnem­ental et « que le Canada produit et exporte déjà vers l’Europe, poursuit Samuel Leré. Le Ceta rendra la tâche plus difficile encore aux pays qui souhaitera­ient un jour s’en passer » Enfin, le recours aux tribunaux d’arbitrage fait débat. Ces derniers permettrai­ent à une multinatio­nale de contester les politiques publiques et les réglementa­tions nuisant à leurs bénéfices. Mathilde Dupré y voit notamment la possibilit­é offerte aux multinatio­nales de faire traîner un dossier qui nuit à leurs intérêts. Mais est-il temps encore de s’opposer à un accord qui doit entrer en vigueur le 21 septembre? « Oui», espèrent Mathilde Dupré et Samuel Leré, qui rappellent que chaque Etat européen aura encore à ratifier cet accord.

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Manifestat­ion contre le Ceta devant le Parlement européen, le 15 février.

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