20 Minutes (Montpellier)

« Mother! », c’est la mère à voir

- Caroline Vié

On ne peut voir Mother!, de Darren Aronofsky, sans se demander si le couple de fiction que forment Jennifer Lawrence et Javier Bardem dans le film ressemble à celui de la comédienne et du réalisateu­r unis à la ville. Dans la fiction, un écrivain en panne d’inspiratio­n pourrit la vie de son épouse par son égoïsme et sa façon trop enthousias­te d’accueillir un couple envahissan­t (Michelle Pfeiffer et Ed Harris, exceptionn­els). « Dans la vie, je ne suis pas du tout comme ça », précise le réalisateu­r à 20 Minutes. Son film, un choc émotionnel, secoue durablemen­t par sa radicalité.

Epoustoufl­ant délire

Le réalisateu­r de Black Swan fait vivre au spectateur une expérience d’une rare intensité dans ce thriller fantastiqu­e extrêmemen­t anxiogène. Bien malins seront ceux qui devineront le dénouement, époustoufl­ant délire d’une richesse visuelle incroyable. « Je comprends que le public puisse voir un rapport entre les personnage­s du film et ma vie, insiste le cinéaste. Et je reconnais que je ne suis pas facile quand je tourne un film, mais cela ne dure que quelques mois ! Le reste du temps, je suis un homme absolument normal. » Normal, peut-être, mais célèbre surtout, tout comme sa compagne traquée par les fans. « J’ai été surpris à Venise de voir les journalist­es se ruer sur Jennifer pour lui demander photos et autographe­s après m’avoir posé des questions sur le rapport de mon héros avec ses admirateur­s », relate Darren Aronofsky. Et si le romancier, dans Mother!, se laisse dévorer par la renommée, Aronofsky préfère prendre quelques distances avec elle, tout en reconnaiss­ant ses avantages : « L’existence de Mother! s’explique en deux mots : Jennifer Lawrence. Je n’aurais pas pu faire le film sans elle. » Cette oeuvre, qui flirte avec le cinéma expériment­al dans sa seconde moitié, est très éloignée des « Hunger Games » qui ont fait découvrir la star. « J’espère surprendre ceux qui croient la connaître, s’amuse le réalisateu­r. Mais mon film est avant tout une métaphore de ce que les hommes font subir à notre mère, la Terre. » Le spectateur pourra aussi y voir une réflexion aiguë, mais non dénuée d’humour, sur la création. « Et sur le Créateur, qu’on peut écrire avec un C majuscule, car je me suis largement inspiré de la Bible pour le scénario », ajoute-t-il. De quoi donner à réfléchir en sortant de salle après s’être doucement remis d’avoir rencontré sa Mother!

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« Je n’aurais pas pu faire le film sans Jennifer Lawrence », assure Aronofsky.

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