20 Minutes (Montpellier)

La Tecktonik bouge encore

En 2007, toute une génération dansait au son de la Tecktonik. Dix ans après, même si le phénomène est retombé, certains de ses codes s’exportent encore.

- Benjamin Chapon

Tecktonik. Un mot, un voyage dans le temps. Le pic de l’épidémie frappe à la mi-septembre 2007, il y a dix ans : la Techno Parade, dont l’édition 2017 se tient samedi, accueillai­t un char Tecktonik. Ainsi entrait au panthéon de la musique électroniq­ue une danse devenue un genre, voire une sous-culture, en même temps qu’une marque.

Succès mal géré

Comment ce mouvement plutôt undergroun­d, né dans une discothèqu­e de banlieue pour marier les passions musicales de deux organisate­urs de soirées, a-t-il pu devenir cette mode dont on se gausse de toutes parts? Conseillèr­e en stratégie dans le milieu musical, Aude Dubourg a débuté dans le métier en 2007 : « Les séminaires pour cadres intégraien­t des cours de Tecktonik. C’est bien la preuve que le truc était ringard. Le développem­ent de la Tecktonik, c’est l’exemple à ne pas suivre : un emballemen­t mal maîtrisé, un manque de fond, aucun relais artistique. »

Postérité positive

L’ex-DJ parisien Mozzyx, désormais installé à Atlanta aux Etats-Unis, note que l’année Tecktonik coïncide avec l’explosion de la nouvelle scène électro française : « La Tecktonik a suscité une curiosité internatio­nale et placé la France sur la carte. En 2007, l’année de “Love Is Gone”, David Guetta devient un artiste internatio­nal. » A en croire ses créateurs, la Tecktonik aurait connu une résurrecti­on dans différents pays, notamment au Mexique. Mais le mouvement a aussi une postérité positive en France. Les coupes mulet et crêtes Tecktonik, tellement moquées à l’époque, ont été depuis largement adoptées par les footballeu­rs les plus stylés. Sans parler des pantalons slim et des imprimés fluo, devenus la norme. On oublie aussi que la danse Tecktonik s’inspirait, entre autres, du voguing. Son succès aura précédé de plusieurs années l’arrivée des « balls » (événements) voguing à Paris. Plus largement, l’électro est devenu le genre musical dominant ces dix dernières années, et la danse électro un passe-temps tout à fait respectabl­e – un euphémisme. Armand Deschars, organisate­ur de soirées dans les années 2000, dresse un bilan positif de la vague Tecktonik : « Il est de bon ton de s’en moquer mais, comme la mode des boys bands, la Tecktonik a eu un impact positif à long terme. La musique électro n’avait pas de danse à elle avant cela. Et ça a attiré un public plus large. Les soirées parisienne­s branchées de 2017 sont les enfants de la Tecktonic. »

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A Paris, le 15 septembre 2007.
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En 2007, la mode de la Tecktonik bat son plein, comme ici à Lyon. Cette année-là coïncide avec l’explosion de la nouvelle scène électro française.

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